Ça raconte Sarah
Autrice : Pauline Delabroy-Allard
lu par Clara Brajtman
192 p. / 4h40
Editions de Minuit, 2018
Audiolib, 2019

extrait lu par Clara Brajtman

Ça raconte une rencontre…
Ça raconte une histoire d’amour passionnelle…
Ça raconte une personne exceptionnelle…
Ça raconte une douleur…
Ça raconte une perte…
Ça raconte un deuil…
Ça raconte Sarah…
Tout ça par la voix de la narratrice dont on ne connaîtra jamais l’identité. Une narratrice qui se raconte par son histoire avec Sarah. La première partie raconte leur rencontre, leur coup de foudre, leur passion, leur relation parfois chaotique et puis le choc, l’irréversible. La seconde partie sera la fuite de la narratrice, sa douleur, sa peur d’affronter ce qu’elle a fui. Ses doutes, son impuissance, une souffrance…
Passion. Du latin patior, éprouver, endurer, souffrir. Substantif féminin. Avec une idée de durée de la souffrance ou de succession de souffrances : action de souffrir. Avec une idée de démesure, d’exagération, d’intensité : amour considéré comme une inclination irrésistible et violente, porté à un seul objet, dégénérant parfois en obsession, entraînant la perte du sens moral, de l’esprit critique et pouvant provoquer une rupture de l’équilibre psychique. Dans la philosophie scolastique, ce qui est subi par quelqu’un, ce à quoi il est lié ou par quoi il est asservi.
J’ai compati face à sa douleur et à sa peur d’affronter la réalité. J’ai été émue par leur histoire. Certains jugeront la narratrice mais chacun a sa façon de survivre, d’affronter les malheurs, de les gérer.
L’écriture de Pauline Delabroy-Allard est intimiste. Un roman rythmé par des phrases concises, les mots parfois crus souvent passionnés. Les émotions affleurent à chaque mot. La narratrice est parfois brutale, incisive, sensuelle. Elle raconte avec son cœur, avec toutes ses tripes.
Alors, c’est comme ça ? La vie peut s’arrêter, l’amour peut mourir, et ce monde peut continuer, juste à côté, dans le même temps, dans le même espace, à étinceler de beauté ?
Dans la version Audiolib, Clara Brajtman incarne cette narratrice anonyme. Elle explicite les émotions fortes de ce récit. Une voix douce et puissante qui colle parfaitement à la personnalité de la narratrice.
Ça raconte ça, un tout petit matin dans une nuit noire de janvier, les éclairages orangers des réverbères, les rues sombres des Lilas, la silhouette de Sarah, cette silhouette telle que je la connais, avec sa boîte de violon sur le dos et ses deux jambes toute frêles en dessous, la valise qu’elle tire du bras droit, une capuche sur la tête. Elle ouvre un peu la bouche, pour recevoir des flocons sur la langue, elle rit, elle a le nez rouge, elle a du blanc sur les cils, elle me parle et elle dit c’est trop beau hein mon amour.
J’ai vraiment beaucoup aimé la passion qui existe dans ce roman, une passion dévorante, qui efface tout le reste dans la vie de la narratrice. En fait, non ce n’est pas vraiment cette passion que j’ai aimé. J’ai plutôt apprécié la façon dont cette passion est racontée et abordée ici. J’ai apprécié la justesse des émotions, l’écriture musicale (importante et logique quand on sait que Sarah est une musicienne talentueuse), une écriture « orale ». Il s’agit du premier roman de l’autrice et le succès est mérité.