La Toile du monde
Auteur : Antonin Varenne
lu par Julien Defaye
352 p. / 9h47
Editions Albin Michel, 2018
Audiolib, 2019


A travers son regard et son énergie, l’auteur nous décrit la capitale en chantier, en révolution que ce soit dans le milieu de l’art, de l’architecture, de la politique et de la société. De nombreux thèmes sont évoqués dans cette fresque historique. Cela peut d’ailleurs paraître trop ambitieux mais Antonin Varenne arrive à peindre un véritable portrait de l’époque avec ses avancés et ses contradictions.
J’ai aimé découvrir la ville par les yeux d’Aileen qui a une personnalité bien singulière et qui nous permet justement d’aborder cette époque et ce lieu d’une façon originale. Elle va rencontre nombres de grands noms de cette époque, un moyen pour l’auteur d’ancrer son histoire dans l’Histoire. J’ai aimé ce personnage pour de nombreuses raisons. Sa liberté de ton et de mouvement, son regard et sa façon d’être provocatrice… mais aussi pour sa part d’ombre. Car ce voyage à Paris n’est pas vraiment innocent. Elle est à la recherche d’une partie de son passé, passé qui provoquera bien de remous dans notre intrigue…
J’ai aimé la plume travaillée, imagée, poétique et délicate de l’auteur. Elle m’a séduite et je n’ai pas vu le temps passé lors de mon écoute (qui dure 9h47 tout de même!). C’est bon signe! Et je dois dire que la voix choisie, celle de Julien Defaye, convient parfaitement. Une voix mélodieuse, posée qui apporte une douceur supplémentaire. Dans la piste consacrée à l’interview de l’auteur, Antonin Varenne explique pourquoi le choix d’un acteur plutôt que celui d’une actrice pour lire ce récit dont le protagoniste est pourtant une femme. J’ai aimé la justification de son choix qui me semble tout à fait logique (je vous laisse découvrir pourquoi 😉 ).
Le jour se lève sur les derniers préparatifs de la grande Exposition. Je les vois s’agiter à mes pieds et je ne me sens bien qu’au sommet de la tour, loin du sol et d’eux. Je regarde passer ma soeur la Seine et je suis frustrée de ne pouvoir filer comme elle loin d’ici. Je les vois venir de toutes les directions, avec leurs panaches noirs et leurs sifflets, les trains chargés de machines et de travailleurs qui convergent vers moi. Ils sont partis de Marseille; d’Espagne, d’Italie, d’Allemagne, de Hongrie et de Russie. Le temps est clair et je vois dans les ports de la Manche les paquebots que l’on décharge. Je suis des yeux les méandres argentés de ma soeur qui coule à l’Ouest à travers la Normandie verte. Elle me parle tout le temps de notre petite cousine, Honfleur, et de son estuaire où le sang lavé de l’Histoire se dilue dans l’argent de la mer.
Depuis que Gustave m’a offert cette vue sur moi-même, je suis devenue nostalgique. Je détourne les yeux, envahie par la tristesse de l’altitude : la solitude.
La Toile du monde est à la fois un roman historique, un roman de société, d’aventure et même on pourrait ajouter une pointe de thriller. Ce roman est une toile littéraire, où on retrouve de multiples portraits (de dimension différentes : temporel, sociétal, artistiques…) et donc un mélange de genres. Il arrive à lier l’ensemble avec beaucoup de talent. Ce mélange a été un vrai délice pour mon écoute!
