Titre : Ma mère à l’Ouest
Auteur : Eva Kavian
141 p.
Mijade, 2014
Résumé :
Sam a 17 ans et raconte sa vie. Comment elle est née d’une mère handicapée mentale, comment elle a pu vivre à ses côtés jusqu’à l’âge de 6 ans, combien de nouveaux foyers elle a connu, de nouvelles mères bourrées de bonnes intentions et d’amour maternel, de psychologues attachantes, d’assistantes sociales qui sont sorties de leur rôle… Bien sûr, c’est un roman dérangeant, c’est un roman qui bouscule, qui met le doigt sur une question très sensible : quelle vit pour l’enfant d’une personne handicapée. Eva Kavian nous emmène dans un récit brillant, écrit avec finesse, humour, authenticité. Elle réussit à captiver son lecteur. On ne ressort pas indemne de cette lecture !
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Les premiers mots
Laurent est parti. J’ignore s’il m’a quittée parce que je suis enceinte, parce que je ne veux pas garder l’enfant ou parce que je lui ai dit la vérité au sujet de ma mère.
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Ce que j’en ai pensé
Ce roman touche un sujet tabou : les enfants des personnes handicapées mentales.
C’est l’histoire de Sam. Elle vient de découvrir qu’elle est enceinte alors qu’elle n’a que 16 ans. Elle nous dévoile par bribe, étape par étape, son passé. Pourquoi ne veut-elle pas le garder? ou plutôt de quoi a-t-elle peur? Elle n’a pas eu une enfance facile car sa mère, Betty, est différente : elle est déficiente mentale. Elle ne sait pas qui est son père. Elle va vivre ses premières années sous la protection de sa mère qui, même si elle est « à l’ouest », l’aime énormément et veut tout faire au mieux pour sa fille chérie. Mais bientôt, elle est dépassée et les services sociaux lui retire la garde de Sam. Celle-ci va alors passer de famille d’accueil en famille d’accueil et elle va y connaître les joies comme les pires horreurs.
Le lecteur est spectateur de son histoire. Sam la lui raconte avec ses mots, ses faiblesses et sa façon d’être. Elle dit sa vérité, son mal-être, sa peur du regard d’autrui. On ne peut que ressentir de l’empathie pour cette jeune fille qui essaie d’avancer coûte que coûte dans sa vie, qui veut y arriver même si peut de monde croit en elle.
Je dois avouer que même si j’ai apprécié l’histoire de Sam, j’ai eu beaucoup de mal avec la forme du roman. Sam nous raconte son histoire avec ses mots et pour ancrer l’histoire dans la réalité, dans une continuité temporelle, l’auteur y insère des détails historiques (la tuerie de Colombine, la chute du Mur de Berlin, le tsunami de 2004…). J’ai bien compris que l’auteur voulait englober son récit dans l’Histoire, c’est aussi une façon de montrer qu’il y a toujours des choses plus graves qui se passe ailleurs dans le monde, une façon de dédramatiser ce qui arrive à Sam. Mais ces détails m’ont gênée je crois. Ou peut-être plutôt la façon dont c’est inséré dans le fil de l’histoire. J’ai plutôt eu une impression de « trop », de coupure dans le récit et je pense que c’est ça qui m’a perturbée.
Mais cela reste un roman touchant et émouvant. Sam est un personnage qui lance un appel à la tolérance et à l’espoir.
En bref…
Un roman émouvant qui aborde le thème de la famille différente.