Myra sait tout
titre original : Myra sa tutto
Auteur : Luigi Ballerini
trad. de l’Italien par Nelly Rubion
379 p.
Éditions Amaterra, 2023 (Granite)
Tu ne sais pas comment t’habiller ce matin ? Quel film regarder ce soir ? Avec quel garçon ou quelle fille te mettre en couple ? Aucun souci, Myra s’occupe de tout ! Myra, c’est un système d’intelligence artificielle qui sait tout de nous, résout nos problèmes et facilite notre quotidien. Un rêve ? Pas vraiment… Car Myra, à force de connaître nos goûts et nos habitudes, s’est immiscée dans nos vies, qu’elle dirige et qu’elle contrôle. Bienvenue dans un monde hyperconnecté ! Un monde où chacun de nos fait et geste est traqué, et où la manipulation et la désinformation sont devenues la règle. Au point que plus personne ne s’en étonne ou ne s’y oppose. Enfin, presque personne ! 4 lycéens ont compris qu’un autre monde est possible. Ils rejoignent un mystérieux Front de Libération…
Il y a quelques mois je vous parlais du précédent roman de Luigi Ballerini, Mon nom est zéro, qui était en lice pour le prix littéraire organisé par la Médiathèque départementale du Lot-et-Garonne. Un roman que j’avais apprécié par son ton, son énergie et son intrigue autour de la manipulation et de la technologie.Des thèmes que nous retrouvons dans ce nouveau roman dystopique : Myra sait tout. L’auteur serait-il un angoissé des réseaux sociaux et des nouvelles technologies ou plutôt un visionnaire de ce qu’il est en train de se passer insidieusement… J’opterai plutôt pour la seconde hypothèse tant sa nouvelle dystopie fait écho avec ce qu’on peut vivre aujourd’hui… Cela fait peur et réfléchir !
Nous sommes dans un futur, où la vie est devenue ultra-connectée. Myra une intelligence artificielle est devenue l’alliée du quotidien pour tout le monde. elle aide pour s’habiller, se soigner, prendre soin de sa peau, commander le bon produit avec une réduction d’enfer, réviser, lire le livre qui va nous plaire à coup sûr, choisir le film qui conviendra au goût de tous, choisir le trajet le plus court, un avis sur le meilleur glacier… Bref : Myra a su se rendre indispensable. Elle s’est immiscée partout et personne n’a rien eu à dire tellement les gens se sont senti en sécurité, et dans un confort absolu. Plus besoin de réfléchir Myra le fait pour eux !
Mais derrière Myra se cache tout une organisation hiérarchisée où chaque parole, chaque geste sont analysés pour savoir s’ils représentent un danger puis pour orienter la personne. Par exemple, es bons de réduction apparus pile au bon moment sont en réalité la résultat d’une manipulation publicitaire bien rodée. Tout est analysé, tout est mis à profit. Autre exemple, la manipulation des médias pour faire monter la peur et l’insécurité parmi les citoyens pour soutenir un projet de lois pour l’abaissement de l’âge pour obtenir une arme…
Le lecteur assiste à tout ça comme impuissant, se révoltant… mais aussi se projetant dans ce monde confortable quand on n’a pas pris conscience de cette manipulation… Car tout est fait pour anesthésier la population. A force de n’avoir plus à réfléchir, de ne plus avoir accès aux livres et au papier (qui ont totalement disparu), les gens n’ont plus d’esprit d’analyse, n’ont plus aucune forme de suspicion, lus d’esprit critique.
Heureusement, l’Histoire nous l’a prouvé… il reste toujours des personnes pour lutter, pour former une résistance face à la propagande et la dictature. Et dans ce roman, c’est le Front de Libération. Un groupe de jeunes qui se retrouve régulièrement et sous identités secrètes (des noms d’auteurs oubliés comme Steinbeck, Austen, King…). Ensemble, ils se sont donner comme mission de lutter et de réveiller leurs concitoyens.
Dans ce combat, nous allons suivre Pam, Vera, Tom et Ale. Quatre ados qui en découvrant les grands auteurs et leurs textes interdits (ou édulcorés… ça vous rappelle quelque chose?) découvrent aussi la liberté de penser. La liberté d’agir par contre est plus compliquée vu qu’ils sont toujours sous surveillance que ce soit dans leur maison, par les caméras de villes ou par leur communicateur…
Bref : l’affaire n’est pas sans danger !
Dans ce combat, nous allons suivre Pam, Vera, Tom et Ale. Quatre ados qui en découvrant les grands auteurs et leurs textes interdits (ou édulcorés… ça vous rappelle quelque chose?) découvrent aussi la liberté de penser. La liberté d’agir par contre est plus compliquée vu qu’ils sont toujours sous surveillance que ce soit dans leur maison, par les caméras de villes ou par leur communicateur…
Bref : l’affaire n’est pas sans danger !
J’ai dévoré ce roman en quelques heures : efficace, interpellant, amenant à la réflexion de nos usages des réseaux sociaux et des objets connectés et surtout prenant conscience de l’importance que prend chaque jour un peu plus l’intelligence artificielle dans notre quotidien !
Un roman pour ados qui éveille les consciences sur les dérives potentielles de l’intelligence artificielle. A lire aussi si on est un adulte!! 😉
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