Le Soldat désaccordé
Auteur : Gilles Marchand
Lu par Laurent Natrella
5h07
Audiolib, 2024
Aux forges de Vulcain, 2022
EN SÉLECTION POUR LE PRIX AUDIOLIB 2024

Paris, années 20, un ancien combattant est chargé de retrouver un soldat disparu en 1917. Arpentant les champs de bataille, interrogeant témoins et soldats, il va découvrir, au milieu de mille histoires plus incroyables les unes que les autres, la folle histoire d’amour que le jeune homme a vécu au milieu de l’enfer.
Alors que l’enquête progresse, la France se rapproche d’une nouvelle guerre et notre héros se jette à corps perdu dans cette mission désespérée, devenue sa seule source d’espoir dans un monde qui s’effondre.
Quelle belle histoire que nous raconte Gilles Marchand entre ces pages… Une histoire d’amour… Une histoire dans la Grande Histoire… Une histoire d’espoir…
L’écriture de Gilles Marchand nous envoûtent et nous emporte dans l’Entre-deux-guerre. Musicien et parolier, cela s’entend dans son récit. Des mots qui résonnent, des mots qui nous chantent une histoire tel un aède de la Grèce antique. Un style poétique, rythmé et sonore. Un style d’écriture qui fonctionne à merveille avec le format audio, comme c’est le cas ici. Laurent Natrella, le comédien qui prête sa voix à ce roman, insuffle ou plutôt nous retranscrit la musicalité de l’œuvre. Sa voix grave, un peu rugueuse, sait se montrer douce et grave quand il en est nécessaire. L’acteur joue le rôle du narrateur. On visualise encore mieux ce personnage anonyme, ancien poilu, désillusionné par la vie.
En 1925, la France fêtait sa victoire depuis sept ans. ça swinguait, ça jazzait, ça cinématographiait, ça électroménageait, ça mistinguait. L’art déco flamboyait, Paris s’amusait et s’insouciait. Coco chanélait, André bretonnait, Maurice chevaliait.
Malgré tout, je ne parvenais pas à m’abandonner à cette insouciance. J’étais loin d’être seul. On avait beau faire semblant, on avait traversé l’enfer.
Cette histoire d’amoureux disparu, ça me permettait de me retourner sur cette guerre avec l’espoir de trouver un peu de beau dans tout ce merdier.
Ce narrateur anonyme, donc, est un ancien soldat. Gravement blessé dans les tranchées de la Première Guerre mondiale, il n’a pas pu reprendre son ancien travail. Alors, il s’est improvisé détective. Il aide les familles a retrouvé les leurs. Ces familles qui ont encore l’espoir qu’un soldat anonyme, amnésique ou blessé soit leur fils, leur frère, leur père…
C’est comme ça qu’il se retrouve en quête d’un soldat disparu en 1917. Sa mère est prête à tout. Elle ne veut pas croire qu’il est mort. Alors le narrateur part à sa recherche. Allant sur les lieux des combats, passant d’un témoignage à l’autre. Et s’il pensait être vite et facilement déchargé de cette enquête, il va découvrir une histoire passionnante et mystérieuse. Il ne saura plus, les années passant, se détacher de cette quête.
Je repensai à un vieil officier qui m’avait dit un jour que les dates gravées sur une pierre tombale n’avaient pas de valeur en soi : que ce qui comptait, c’était le trait d’union.
Il va découvrir que cet homme était amoureux d’une jeune femme qui l’aimait aussi en retour. Un amour que la famille du soldat n’acceptait pas car la jeune fille n’était pas de bon rang social et encore moins du bon endroit dans cette période trouble.
En nous racontant cette histoire, le narrateur trace aussi le portrait d’une époque où les français tentent de se reconstruire tout en ayant conscience que le danger d’une nouvelle guerre se dessine au dessus d’eux.
On se jette tout comme le narrateur à cœur perdu dans cette histoire. Avec de ombreuses questions ? va-t-il le retrouver? est-ce que les amants séparés se sont retrouvés ? ont-ils vieilli ensemble? Auront-ils eu droit à une fin heureuse ou tragique ?
La fin est aussi belle que le texte le promettait. Parfaite. Juste. Poétique. A l’image du roman.
J’ai fini mon audiolecture le cœur chamboulé, les larmes aux yeux. Ce roman restera gravé en moi par sa beauté, sa richesse, sa justesse, ses mots. Et je vous invite vivement à aller le découvrir au plus vite.
Extrait de l’interview de Gilles Marchand disponible dans la version Audiolib, à propos de son narrateur anonyme :
« J »avais envie que ce narrateur, ce soit mon soldat inconnu, à moi d’abord, et puis le soldat inconnu de chaque lecteur. Que ce soit un de ces hommes qui n’est pas revenu ou un de ces hommes qu’on n’a jamais retrouvé. »
Gros gros coup de cœur pour ce roman d’amour, ce roman d’Histoire. La plume de Gilles Marchand est poétique et musicale. Elle nous envoûte et nous emporte au cœur de ses mots.

Bonjour, merci pour cette chronique passionnante de Le Soldat désaccordé . Le roman de Gilles Marchand, en explorant les traces d’un amour perdu au cœur des ruines de la Grande Guerre, rappelle à quel point la mémoire des disparus façonne notre rapport à l’Histoire. Cette quête du narrateur, entre enquête et réflexion sur l’identité, éclaire aussi l’importance de préserver les souvenirs individuels, qu’il s’agisse de récits transmis ou d’hommages tangibles. Dans cet esprit, je tiens à signaler une initiative touchante : <a href= »https://www.plaque-funeraire.fr »>plaque funéraire personnalisée</a>, qui permet d’honorer les défunts avec des gravures uniques, mêlant texte, symboles ou même citations littéraires. Ces créations, comme le roman, témoignent d’une volonté de donner une voix à ceux qui ne sont plus, en transformant un objet traditionnel en récit intime. Pour les lecteurs bouleversés par cette histoire, ce type de mémorial pourrait offrir un prolongement poignant à la lecture. Votre analyse si juste et sensible donne envie de redécouvrir ces thèmes avec encore plus de profondeur. Merci pour ce partage inspirant !