Après une catastrophe nucléaire, Dylan et sa mère Rowenna se sont retrouvés parmi les rares survivants, réfugiés dans leur petit hameau du Nord-Ouest du pays de Galles, près de la ville de Nebo. Dylan était petit quand les lumières soudain se sont éteintes et que les oiseaux ont disparu, maintenant il a quatorze ans. Sans électricité, les commerces pillés, il a fallu se débrouiller, réapprendre à vivre à l’ancienne. Quand il regarde le fruit de son travail dans le jardin de leur maison, les serres qu’il a construites, Dylan se sent comme un homme. Il voudrait que rien ne change. C’est dans cette simplicité et cette rudesse qu’il s’est construit. C’est son monde. Il s’y sent bien. Pourtant, une multitude de questions subsistent pour lui sur ce temps d’avant – avant La Fin – dont sa mère qui n’en est pas nostalgique lui dit si peu. Alors il tente confusément de trouver des réponses dans les livres gallois – écrits dans cette langue que sa mère refuse aussi de lui parler – et même dans la Bible.
De son côté, et si elle ne se confie pas à son fils à l’oral, Rowenna couche sur le papier ses craintes, ses souvenirs et secrets du passé, dans un carnet à couverture bleue trouvé dans une maison abandonnée de Nebo. Dylan aussi se raconte dans ce Livre bleu. Chacun sait que l’autre ne le lira pas, telle est leur promesse.

 Un roman d’anticipation sous forme de journal intime passionnant et poignant.

Dylan et sa ère vivent en totale autarcie depuis des années. Une catastrophe a eu lieu. Et les autres ont fui ou sont mort. Alors que sa mère déclare forfait pour l’école à la maison par lassitude (entre autres), elle donne à Dylan un carnet bleu où elle lui demande d’écrire au moins une heure par jour. Il décide d’écrire sa vie à Nebo. Sa mère, elle, rédigera, les parties avant La Fin. Avant le drame. Elle n’aime pas écrire mais elle imagine que son témoignage est important. Qu’il faut laisser une trace de tout ça.
Alors petit à petit, se dévoile à nous ce qu’il s’est passé. Ou du moins une idée de ce qu’il a pu se passer. Rowenna était alors coiffeuse. On a entendu parler d’explosion dans des villes américaines. Puis il y a eu une coupure d’électricité généralisée. Rowenna a senti le danger. Comme d’autres. Elle a fait des réserves de nourritures, de graines, de modes d’emploi utiles pour une question de survie. Et elle s’est retranchée chez elle avec son fils, dans une petite maison isolée de la ville. Pendant des semaines, ils vont vivre au rythme de la nature en compagnie de leurs voisins. Et puis un jour. L’explosion. Le nuage. La Fin. Le chaos.

Dylan était petit. Il ne se rappelle rien de tout ça. Il sait juste quelques bribes que sa mère lui a raconté. Sa vie est celle qu’ils se sont construits ensemble. Dans cette maison. Dylan, malgré son âge, a toujours été débrouillard. Il a appris par les livres, par ses expériences.

Le temps passe et les deux personnages nous racontent leur survie.

Manon Steffan Ros nous livre ici un roman fort, angoissant et intrigant avec une plume magnifique. Peu à peu, l’autrice lève le voile sur cette Fin qui a tout changé. Tout ravagé. Mais malgré ce drame et ses conséquences, je n’ai pas pu m’empêcher de ressentir une part de bonheur dans leur façon de vivre. Ils sont seuls mais l’équilibre qu’ils se sont construits prend des allures de bonheur simple.