Les crieurs du crime, la belle époque du fait divers
Illustrateur : Hugues Micol
144 p.
Éditions Delcourt / La Découverte, 2024
Paris, février 1907. Une fillette a disparu du côté de Ba-Ta-Clan. La police est sur le coup et, en cet âge d’or de la presse française, les reporters aussi. Quand on retrouve le corps, l’émotion est à son comble. L’assassin a avoué. Il s’appelle Soleilland. De nombreuses voix s’élèvent pour réclamer son exécution. Mais le gouvernement prépare justement un projet d’abolition de la peine de mort. Le débat public promet d’être explosif.
A la lecture du synopsis, j’ai été très curieuse de découvrir cette bande dessinée qui raconte une histoire vraie, un fait divers qui a défrayé la chronique en 1907 à Paris.
Marthe, une fillette, a disparu en allant un spectacle dans le quartier du Ba-ta-clan et elle aurait été accompagnée d’un de ses voisins, M. Soleilland. Une affaire à couvrir pour le journalisme à sensation qui est en train de naître. La guerre est déclarée entre les journaux pour être le premier à publier une information sensationnelle, croustillante et si possible sordide. Puis, on retrouve le corps de l’enfant.
Et une nouvelle fois, les journalistes cherchent l’information la plus crue possible. Quitte à délivrer de fausses informations et du coup de lancer des rumeurs.
Et c’est dans ce climat, que Valentin journaliste dans un quotidien et qui cherche à percer dans le milieu va se retrouver à couvrir l’événement. Il va passer de lieu en lieu au milieu de tout un tas de curieux et d’autres journalistes. On assiste à l’évolution du métier : la sensation, la quête du scoop, et surtout fidéliser le lectorat en créant un feuilleton autour de cette histoire… et tout ça ne plait pas trop à Valentin qui se sent dépasser dans un Paris qui s’intéresse plus à ce fait divers qu’à l’abolition de la peine de mort.
On découvre cette partie de l’histoire parisienne et de l’histoire de la presse à travers les illustrations de Hugues Micol dont je découvre le travail ici. Un style travaillé pour aller avec l’ambiance de l’époque. Peinture, trait, couleur on se retrouve bien au début du siècle dernier.
Ce fait divers qui a vraiment eu lieu est le reflet de l’ambiance de l’époque, à un moment où le sentiment d’insécurité monte en ville et surtout le rôle de la presse dans ce sentiment. De nombreux clins d’œil au futur sont semés au cour du récit (l’abolition de la peine de mort en 81 par exemple…). Et on se rend également compte que ce qu’il se passe en 1907 fait encore malheureusement écho dans notre présent avec le rôle des chaines d’info en continue sur ce même sentiment d’insécurité…
Merci aux éditions Delcourt et La Découverte et à Netgalley pour cette lecture.


