Les Guerriers de l’hiver
Auteur : Olivier Norek
Lu par Thierry Blanc
1h35
Lizzie, 2024
448 p.
Michel Lafon, 2024
« Je suis certain que nous avons réveillé leur satané Sisu.
– Je ne parle pas leur langue, camarade.
– Et je ne pourrais te traduire ce mot, car il n’a d’équivalent nulle part ailleurs. Le Sisu est l’âme de la Finlande. Il dit le courage, la force intérieure, la ténacité, la résistance, la détermination…
Une vie austère, dans un environnement hostile, a forgé leur mental d’un acier qui nous résiste aujourd’hui. »
Imaginez un pays minuscule.
Imaginez-en un autre, gigantesque.
Imaginez maintenant qu’ils s’affrontent.
Au cœur du plus mordant de ses hivers, au cœur de la guerre la plus meurtrière de son histoire, un peuple se dresse contre l’ennemi, et parmi ses soldats naît une légende.
La légende de Simo, la Mort Blanche.
Quelle lecture ! Intense, immersive, instructive, bouleversante! C’est un gros gros coup de cœur pour le nouveau roman d’Olivier Norek !
Dans ce roman, nous découvrons un pan de l’histoire oublié ou du moins méconnu surnommé la guerre de l’hiver, un conflit qui a éclaté lorsque l’Union soviétique envahit la Finlande le 30 novembre 1939, et qui dura jusqu’au 13 mars 1940, soit 3 mois et 12 jours.
La Finlande est alors un pays jeune – elle a déclaré son indépendance en 1917 et été auparavant intégré à la Suède, et convoité par la Russie au début du XIXème siècle.
Alors que la menace d’une guerre se précise, le gouvernement finlandais est partagé quand à l’attitude a adopté. Se soumettre aux Russes ou combattre. Mais ils n’ont pas de véritable armée. Alors sous couvert du service obligatoire annuel, ils mobilisent les hommes du pays et les forment rapidement en les envoyant sur le front. L’Union soviétique connaît cette faiblesse et pense vite gagner et annexer le pays. Mais ils ne s’attendaient pas du tout à la résistance des finlandais. S’ils ne sont pas professionnels ni expérimentés, ils sont solidaires et soudés. Et combatifs.
Le roman d’Olivier Norek met à l’honneur ces soldats qui se sont vaillamment battus sur le front lors de cette courte guerre difficile et qui a coûté cher en perte humaine. Dans les deux camps. Ils n’ont pas d’équipements militaires aussi perfectionnés que les russes mais ils sont habiles, savent s’adapter.
Ce roman raconte leurs histoires mais aussi et surtout celle d’un homme : Simo Häyhä, surnommé la « mort blanche ». Cette homme était et est toujours considéré comme le meilleur tireur d’élite de tous les temps. Il aurait fait entre 500 et 700 morts dans le camps adversaires durant cette guerre. Olivier Norek a croisé son « chemin » il y a 10 ans. il savait qu’il lui fallait raconter cette histoire. Alors depuis 10 ans, ils se documentent, est allé sur place pour en savoir plus sur lui, sur ces soldats, sur ce pays et sur les lieux des combats.
L’auteur nous raconte l’histoire étonnante et passionnante de Simo : on découvre un héros discret, humble, efficace. Qui avait une forme de rage mêlée de sagesse. Un homme au destin fascinant. J’ai apprécié découvrir son parcours, son univers, son époque. Et j’ai eu besoin, au cours de ma lecture, de mettre un visage sur le nom de cet homme et ‘ai découvert son destin avant les dernières pages (oups!).

source : Wikipédia
J’aime beaucoup les écrits d’Olivier Norek. Si vous me suivez vous l’avez sans doute remarqué. J’ai commencé cette écoute avant de découvrir que le roman était présélectionné pour le prix Goncourt. A l’heure où j’écris ces lignes, la deuxième sélection du Prix Goncourt vient de tomber et il ne fait malheureusement plus parti des 8 finalistes. Quelle déception! L’histoire de ce roman et l’écriture d’Olivier Norek méritait largement sa place… mais sans doute est-il trop populaire et c’est bien dommage.
J’ai apprécié la passion, l’humilité et le respect transmis dans les mots de l’auteur pour ces hommes et ces femmes qui étaient sur le front. Une histoire qui fait encore écho à l’actualité mondiale comme si encore et toujours les mêmes erreurs se répétaient, comme si personne jamais n’en tirera enfin les bonnes leçons…
Dans la version audio, proposé par les éditions Lizzie, nous écoutons la voix envoutante de Thierry Blanc qui nous embarque dans ce récit. A l’écoute, j’étais dans une bulle. Entre les mots de l’auteur et les nuances d’interprétation de l’acteur, on se projette sur place, dans ces tranchées glaciales, aux conditions de (sur)vies rudes.
En finissant l’écoute, et même en cours d’écoute, j’ai su que ce roman me collerait à la peau. Que je le conseillerai encore et encore. Un gros gros coup de cœur.
Merci aux éditions Lizzie et à Net Galley pour cette belle écoute !

