Tenir debout
Autrice : Mélissa Da Costa
Lu par Jean-Alain Velardo et Lauryanne Philippe
17h52
Jusqu’où peut-on aimer ? Jusqu’à s’oublier…
Je suis toujours au rendez-vous quand un nouveau roman de Mélissa Da Costa sort. Et encore et toujours en format audio. J’aime vraiment découvrir ses romans sous ce format qui retransmet si bien le caractère humain de ses histoires.
Cette fois-ci, Mélissa Da Costa se penche sur l’histoire d’un couple qui va devoir affronter un drame et réapprendre à vivre différemment.
François, la quarantaine, est un acteur de théâtre qui connaît le succès par ses rôles dans des pièces classiques. Il s’y épanouit et a su se faire un nom. Quand il est sur scène, il incarne, il vibre. Et son charme n’a pas laissé indifférente la jeune Eléonore. Cette dernière a envie d’évoluer dans ce monde mais en coulisse. En attendant, elle enchaîne les petits jobs et elle finit par rencontrer François. La séduction opère.
Au début du roman, on est à une semaine de leur emménagement ensemble. Ils ont choisi un appartement. François est en train de demander le divorce. Ils sont amoureux et heureux. Mais cet avenir heureux va s’écrouler en quelques secondes… Un accident et François se retrouve en fauteuil.
Comment le couple qui n’a même pas encore connu la vie ensemble va arriver à se construire autour de ce drame ? Quel équilibre ? Quel rythme ? On a un François dans le déni, en colère contre tout y compris lui-même. Il doit faire le deuil de sa vie d’acteur. Il l’a décidé. Il se renferme. Crache sa colère…
De son côté, Eléonore va prendre en main le quotidien. Le déménagement, les démarches administratives, la recherche d’un travail alimentaire… et tout ça en enchaînant les visites à François dans son centre de rééducation et préparer l’après. Elle veut se montrer forte mais on la sent dépérir, lutter… Elle aime jusqu’à s’oublier en chemin…
J’ai trouvé la thématique de ce roman très intéressante et très belle. L’autrice a su trouver les mots justes, transmettre des émotions réalistes. Elle a voulu retransmettre ce que ressentent les deux parties dans une telle situation. Les émotions, les douleurs, les pensées noires, les espoirs, les désillusions,… Leur histoire d’amour toute neuve, encore fragile mais passionnée est malmenée. Des épreuves à dépasser, qui peuvent tout détruire ou au contraire consolider.
Écrire, ça permet de devenir quelqu’un d’autre, de porter un costume, d’incarner un personnage. Écrire, c’est aussi puissant que la scène, j’imagine, mais autrement.
J’ai, une nouvelle fois, apprécié la plume si humaine de Mélissa Da Costa. Elle a su aller chercher les témoignages, se documenter pour donner un roman réaliste et qui devient vite addictif. Je suis tombée sous le charme d’Eléonore assez rapidement. Contrairement à François que j’ai trouvé dans un premier temps un poil imbu de lui-même…
D’ailleurs, j’ai trouvé que les deux acteurs choisis, Jean-Alain Velardo et Lauryanne Philippe, ont su donner vie à ces deux-là, nous transmettre leurs émotions de façon empathiques. Je découvrais leur voix ici et j’ai trouvé qu’ils avaient su retransmettre la sensibilité des thèmes évoqués comme celui du handicap et de la reconstruction d’un couple, d’une vie après une telle épreuve.
J’ai apprécié également la thématique du théâtre qu’on découvre par les regards différents de François et d’Eléonore.
Je songe : Un couple, c’est s’aider à atteindre la mer, coûte que coûte, peu importe les efforts qu’il faut déployer pour y parvenir, et se maintenir l’un et l’autre à la surface pour affronter les vagues.
Il y aura d’autres plages où nous serons enlisés. D’autres déserts de sable à parcourir à la force des bras. D’autres épreuves. Nous nous en sortirons. Nous sommes un couple aussi fragile et aussi fort que les autres.
Le roman est sombre, emprunt de douleur, de colère, de peur. Mais Mélissa da Costa n’exploite pas le pathos de sa thématique. Elle dit la vérité sur un couple fragilisé, en équilibre sur le fil de la reconstruction. Quel sera le point de bascule ? Je trouve si juste la phrase inscrite en quatrième de couverture qui résume à merveille le sentiment qui se dégage de cette audiolecture : « jusqu’où peut-on aimer ? Jusqu’à s’oublier… »
Je ne brille pas. Je suis de celles qui s’épanouissent dans l’ombre. Comme le camélia. Je me fanerai sans éclat.
Une audiolecture intense, émouvante et éprouvante aussi bien pour les personnages que pour le lecteur.