Autrice : Célia Garino
354 p.
Sarbacane, 2025 (Pépix)
Kelvin, 15 ans, déteste la vie et le reste.C’est avec trois t-shirts dans son sac à dos (et parce qu’il a foutu le feu au reste de ses affaires) qu’il part du dernier foyer où il vivait. Lui qui ne voulait qu’une chose, qu’on l’oublie et qu’on lui fiche la paix, le voilà servi… Dans la voiture qui file sur les petites routes de campagne, l’adolescent rumine. Là où on l’envoie, son unique et dernière chance, c’est littéralement le « Bout du Monde », et un foyer qui a un nom d’impasse, ça ne peut rien augurer de bon.
Rien, vraiment ?
C’est rare de refermer un livre avec la sensation d’avoir partagé l’intimité de personnages si attachants qu’ils vous semblent réels. C’est pourtant ce que j’ai ressenti avec Un bout du monde de Célia Garino.
Dès les premières pages, on est happé par l’histoire de Kelvin, 15 ans, un adolescent en colère contre le monde entier. Son arrivée dans un foyer d’accueil en Normandie, « Un bout du monde », est sa dernière chance de trouver un équilibre. Mais Kelvin, marqué par un passé douloureux, est-il prêt à faire confiance ?
A-t-il envie de saisir cette dernière chance ? ou pense-t-il que la vie n’a rien pour lui ?
Petit à petit, on découvre le passif de Kelvin. Lourd, complexe, violent, injuste. On comprend aisément sa colère. On comprend son sentiment d’injustice, d’abandon. Son manque d’espoir en l’avenir. Quand on a 16 ans et que la vie ne nous a jamais fait de cadeaux, comment croire au bonheur ?
Mais ce « bout du monde » qu’on lui présente comme dernière chance pourrait bien être LA solution. Un endroit inhabituel pour lui. Un endroit qui déborde de vie, de cri, de personnages qui ont tous des cicatrices à vif. Des personnages qui vont nous toucher en plein cœur dès la première rencontre.
Célia Garino a un talent indéniable pour créer des personnages attachants et complexes. Kelvin est un anti-héros touchant, derrière sa carapace de « dur » se cache un cœur sensible. Il pensait d’ailleurs avoir bien enfoui cette sensibilité au plus profond de lui-même. Il s’est construit une carapace. Pour ne plus s’attacher. Pour ne plus aimer. Pour ne plus être déçu. Les autres adolescents du foyer sont tout aussi attachants, avec leurs failles et leurs espoirs. On s’émerveille de la bienveillance de Sonja, la « mère » du foyer, qui accueille ces jeunes à bras ouverts. J’ai souffert avec Kelvin, j’ai été émue en découvrant les histoires des uns et des autres.
L’autrice aborde avec justesse et sensibilité des thèmes forts, tels que la famille, l’adoption, le handicap, la différence, la violence et la maltraitance. Elle nous fait réfléchir sur la capacité de résilience des adolescents, sur l’importance de l’écoute et de l’empathie. Mais Un bout du monde n’est pas un roman triste, loin de là. Célia Garino parsème son récit de touches d’humour, d’émotion et d’espoir, ce qui rend la lecture d’autant plus agréable.
J’ai été particulièrement touchée par l’évolution de Kelvin tout au long du roman. On le voit peu à peu s’ouvrir aux autres, se laisser toucher par la chaleur humaine. Les relations qu’il tisse avec les autres adolescents et les adultes qui l’entourent sont émouvantes et sincères. On croit, avant lui, en son avenir, à sa part de bonheur.

Un bout du monde est un roman qui vous prend aux tripes et au cœur. On rit, on pleure, on espère avec les personnages. C’est un livre qui va m’accompagner et que je vais conseiller… très souvent !
