Le Petit Chaperon gris

Auteur : Bruno Heitz
Editions Le Génevrier, 2019

Le Petit Chaperon GRIS n’a peur de rien : c’est bien connu, ce sont les petits chaperons ROUGES qui se font manger dans les histoires. Aussi, quand la fillette rencontre un loup BLANC, elle lui parle en toute confiance. Mais le noir et le blanc, comme le gris, peuvent changer, et l’arrivée d’une couleur au fil des pages va modifier l’ordre des choses.

 Oubliez tout ce que vous pensiez savoir sur le Petit Chaperon Rouge. Bruno Heitz nous invite à une relecture irrésistiblement drôle avec son album Le Petit Chaperon Gris, publié aux éditions Le Genevrier. Préparez-vous à une aventure où les conventions du conte volent en éclats, et où le gris n’est finalement pas si… terne !

Dès les premières pages, le ton est donné : notre Chaperon Gris, bien plus téméraire que sa cousine en rouge, n’a « peur de rien ». Après tout, ce sont les chaperons ROUGES qui finissent dans le ventre du loup, pas vrai ? C’est donc en toute décontraction qu’elle croise un loup BLANC. Mais attention, dans ce conte, les apparences sont trompeuses et les couleurs, loin d’être figées, vont jouer un rôle capital, bousculant l’ordre établi et notre perception des personnages.

Bruno Heitz s’amuse avec cette toile de fond en noir et blanc, y insufflant une dose d’humour et de jeux de mots qui font mouche. Les dialogues entre le Chaperon et le loup sont un festival d’ironie. Quand le loup demande, « de but en (blanc) », ce que le Chaperon a dans son panier, la réponse est loin des galettes et du pot de beurre : un canard ! Un canard en papier journal, s’il vous plaît. Un coup de génie qui déroute le loup et amuse le lecteur.

Mais rassurez-vous, le rouge n’a pas totalement disparu de l’équation ! Et c’est là que la magie opère. L’apparition des couleurs au fil des pages n’est pas anodine ; elle vient subtilement teinter les émotions et les intentions des protagonistes. Un loup qui change d’avis, un Chaperon qui connaît la peur (blanche), une Mère-Grand qui pique une colère (noire)… Chaque nuance apporte sa part de surprise et de rebondissement.

On retrouve avec plaisir le style graphique si reconnaissable de Bruno Heitz, ici magnifié en 3D, conférant aux illustrations un charme certain qui évoque même le papier découpé et l’origami. L’histoire est simple, directe, et fonctionne à merveille comme clin d’œil parodique aux versions classiques du conte.

Le Petit Chaperon Gris est une belle surprise, un album qui prouve qu’il est toujours possible de revisiter un classique avec  humour. C’est une lecture qui saura ravir petits et grands, les invitant à voir le monde – et les contes – sous un jour… coloré!