Bande dessinée

Seul le silence de Fabrice Colin et Richard Guérineau


Seul le silence

Auteurs : Fabrice Colin et Richard Guérineau
d’après RJ Ellory
104 p.
Éditions Philéas, 2021

résuméJoseph Vaughan, devenu écrivain à succès, revient sur des événements qui ont bouleversé son enfance et qui vont le hanter, le poursuivre toute sa vie d’adulte : des meurtres de jeunes filles perpétrés sur plusieurs décennies, dont il a été le témoin involontaire.

Joseph a douze ans lorsqu’il découvre dans son village de Géorgie le corps horriblement mutilé d’une fillette assassinée. La première victime d’une longue série qui laissera longtemps la police impuissante. Des années plus tard, lorsque l’affaire semble enfin élucidée, Joseph décide de changer de vie et de s’installer à New York pour oublier les séquelles de cette histoire qui l’a touché de trop près.

Lorsqu’il comprend que le tueur est toujours à l’œuvre, il n’a d’autre solution pour échapper à ses démons, alors que les cadavres d’enfants se multiplient, que de reprendre une enquête qui le hante afin de démasquer le vrai coupable…Joseph Vaughan, devenu écrivain à succès, tient en joue le tueur en série, dans l’ombre duquel il vit depuis bientôt trente ans.


cequejenaipensé L’œuvre de R. J. Ellory, Seul le silence, a marqué les esprits lors de sa sortie en 2007, et c’est avec une certaine curiosité que j’ai découvert son adaptation en bande dessinée par Fabrice Colin et Richard Guérineau. Ayant lu le roman original en 2010, j’étais très curieuse de redécouvrir cette histoire par le prisme de la BD. Cette adaptation est bien plus qu’une simple transposition ; c’est un véritable travail de mémoire, une plongée dans une Amérique d’après-guerre où les fantômes du passé ne demandent qu’à remonter à la surface.
L’histoire, suit Joseph Vaughan, un écrivain à succès dont la vie est hantée par une série de meurtres de fillettes survenus dans son village de Géorgie lorsqu’il était enfant. Le récit est un aller-retour entre passé et présent, un suspense qui se tisse autour de la mémoire défaillante de Joseph et de son incapacité à s’extraire de l’ombre de ce tueur en série. L’adaptation graphique rend à merveille cette atmosphère lente et étouffante, ce rythme qui prend le temps de poser son décor et de nous faire ressentir le poids de l’angoisse qui pèse sur les personnages.
Visuellement, le choix de Richard Guérineau de privilégier des tons sépias et pastels est une excellente idée. Ces couleurs, comme des photographies jaunies, donnent une impression de récit oublié, de vérité enfouie. Elles collent parfaitement à l’ambiance du Sud profond des années 40 où le racisme et la peur s’entremêlent. Car c’est aussi de cela dont il est question : du racisme ordinaire, des soupçons qui se portent sur l’étranger ou le différent, cette haine qui monte lorsque la peur s’installe. Le récit montre avec justesse comment la peur peut empêcher de réfléchir, comment elle peut nourrir les pires préjugés.
L’adaptation maîtrise parfaitement le suspense, nous tenant en haleine jusqu’au bout, même pour ceux qui connaissent la fin. Concernant les illustrations, je dois faire état d’une petite déception en ce qui concerne l’âge de Joseph notamment qui semblent visuellement plus âgés que les 12 et 11 ans mentionnés. Cette écart entre l’âge et la représentation du personnage m’a perturbée dans la lecture temporelle de la BD.
Ces réserves n’enlèvent rien à la qualité de l’ensemble. Seul le silence en BD estréussi. Le scénario est fidèle, l’esthétique des illustrations sont magnifiques, et l’ambiance est parfaitement rendue. C’est une adaptation réussie qui donne envie de replonger dans l’œuvre d’Ellory (ou de continuer à l’explorer!!). La lecture de cette bande dessinée m’a rappelé pourquoi j’avais tant aimé le roman à l’époque.
Pour ceux qui n’ont pas encore lu le roman, cette bande dessinée est une excellente porte d’entrée dans cet univers sombre et fascinant. Pour les autres, c’est une occasion de redécouvrir sous un jour nouveau l’une des meilleures histoires de ces dernières années.
Lu dans le cadre du challenge #Unmotdestitres

Une réflexion sur “Seul le silence de Fabrice Colin et Richard Guérineau

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