L’école des loisirs, 2004 (Mouche)
Depuis le 26 décembre 1999, jour de la tempête du siècle, il n’y a plus de télé chez Mathilde. L’ouragan a arraché l’antenne du toit de sa maison et ses parents ont décidé qu’ils vivaient bien mieux sans cet objet envahissant. Hélas ! Or voilà qu’un matin Mathilde trouve une télévision sur le trottoir. C’est celle du voisin et elle marche encore très bien. » Je l’ai jetée parce que la télévision m’a fait du mal « , lui dit le monsieur. Mathilde est tentée de récupérer le poste en cachette. En même temps, elle ne peut s’empêcher de repenser à cette phrase mystérieuse. Pour en avoir le cœur net, il faut d’abord retourner voir ce voisin pas comme les autres… Un livre pour les enfants qui aiment déjà lire tout seuls.
Pour cette session de notre challenge mensuel Un mot des titres, il fallait un livre contenant le mot « sans » (ou « cent ») dans le titre. Après avoir longuement hésité, j’ai jeté mon dévolu sur un petit roman jeunesse de Sophie Chérer, déniché dans ma médiathèque : La santé sans télé.Si le titre est parfait pour le défi, le contenu, paru il y a plus de 20 ans, est-il toujours d’actualité dans un monde dominé par les écrans sous toutes leurs formes ? Spoiler : oui!
Tout commence le 26 décembre 1999 – la fameuse « tempête du siècle » – qui a emporté (seulement!) l’antenne du toit de Mathilde. Au lieu de la remplacer, ses parents ont pris une décision radicale : ils vivent bien mieux sans ce poste jugé trop envahissant.
Mathilde, elle, ne connaît presque plus la télé. Alors quand elle découvre un beau matin la télé du voisin sur le trottoir, encore fonctionnelle, la tentation est grande. Pourquoi ne pas la récupérer en cachette ? C’est le message obscur du voisin qui la freine un peu : « Je l’ai jetée parce que la télévision m’a fait du mal. »
Intriguée par cette confession, Mathilde part à la rencontre de ce voisin pas comme les autres, ouvrant la voie à une réflexion inattendue.
Intriguée par cette confession, Mathilde part à la rencontre de ce voisin pas comme les autres, ouvrant la voie à une réflexion inattendue.
Ce que j’ai trouvé ingénieux et particulièrement pertinent, c’est la façon dont Sophie Chérer aborde un sujet potentiellement moralisateur. Oui, ce livre dénonce l’influence de la télévision sur les rapports humains et sur son côté hypnotique. Oui, il interroge l’attitude des adultes qui se laissent happer. Mais tout cela se fait avec une finesse et un humour qui rendent le récit profondément lucide.
L’autrice ne cherche pas à dicter une conduite, mais à respecter l’intelligence de l’enfant. Elle invite son jeune lecteur à se poser les bonnes questions sur ce qu’on fait de son temps, de son attention, et de sa « santé » (au sens large du terme).
Même si le roman date de 2004 et que la télé cathodique est un peu vintage (certains faits sont effectivement datés), le message reste actuel. Remplacez le mot « télévision » par « écran », « smartphone » ou « tablette », et l’histoire de Mathilde résonne encore plus fort en 2025 !
L’écriture est douce, preuve que Sophie Chérer connaît la sensibilité de ceux à qui elle s’adresse. Ce fut un bon moment de lecture et une excellente façon de boucler mon défi « sans ». Je ne peux que vous recommander de lire La santé sans télé et de le partager avec votre enfant : qui sait ? Ce petit roman pourrait bien être le point de départ d’une discussion passionnante sur nos habitudes numériques et, peut-être, aider à détrôner certains réflexes automatiques.
Roman lu dans le cadre de mon défi Un mot Des titres

