Le Sourire aux livres

Autrice : Cynthia Kafka
317 p.
Editions Charleston, 2023

Carpe Diem.Sur la couverture du carnet qui abrite ses pensées, les mots en lettres brillantes narguent Alexia. À 14 ans, le temps où elle pouvait « cueillir le jour » lui semble très loin. Depuis l’accident de voiture qui lui a arraché sa mère, son beau-père et ses deux demifrères elle vit chez son père qu’elle connaît à peine au fin fond de la Dordogne.

Quand ses copains d’école se rêvaient pompier ou footballeur, Greg n’avait déjà qu’une idée en tête : construire des cabanes dans les arbres. Un rêve d’éternel enfant qu’il est resté – alors comment pourrait-il en élever un, d’enfant, surtout cette adolescente carapacée dans son deuil et son malheur ?

Peut-être avec l’aide d’Ida, une retraitée au verbe haut et de Solène, cette jeune femme solaire et bienveillante qui a la manie étrange de répertorier les boîtes à livres de France…

Avec une couverture et un titre comme ceux-ci, je ne pouvais pas passer à côté de ce roman. Impossible ! En plus, je suis Cynthia Kafka sur les réseaux depuis des années et j’ai eu la chance de la rencontrer il n’y a pas si longtemps : j’adore sa fraîcheur, son énergie, son humour… et désormais je pourrais dire que j’adire aussi son écriture ! Car oui, c’est le premier roman que je lis d’elle et ce ne sera pas le dernier (Contre vents et secrets et Je suis venue te dire ont déjà rejoint ma longue wisl list!!).

J’ai craqué il y a quelques mois pour la box que les éditions Charleston proposée au moment de la sortie du roman. Et à l’instant où j’écris ses lignes, je profite des éclats de soleil que projette l’attrape soleil qu’il y avait dans cette box! C’est si agréable… Mais revenons au roman.

Alexia vient de voir sa vie brisée, broyée en l’espace d’un instant. Sa famille – sa mère, son beau-père et ses deux frères – sont morts dans un accident de voiture. Elle est en colère, elle culpabilise, elle en veut à la terre entière et surtout à elle-même. Elle doit apprendre à vivre sans eux, mais est-ce qu’elle le veut vraiment. Elle a dû quitter sa ville pour s’installer au milieu, au cœur de la Dordogne avec un père, Greg, qu’elle ne connaît pas. Il a toujours été aux abonnés absents.

Greg. Se retrouver père à temps plein d’une adolescente. Pas évident. Il savait qu’il était père mais il n’était pas très présent pour elle (on apprendra en cours de roman pourquoi). Son quotidien est ébranlé. Constructeur de cabanes, il est fréquemment à des centaines de kilomètres de chez lui. Il va devoir changer ses habitudes. Il va devoir apprendre à être père. Et être père c’est aussi faire des erreurs, se tromper, aimer maladroitement.
Pour l’aider, il embauche la drôle Ida. Une retraitée extravagante qui vient de s’installer dans la région. Elle accepte de loger dans la caravane installée sur son terrain pour s’occuper d’Alexia quand il n’est pas là.

Et puis, il y a Solène. Le rayon de soleil. Après un drame, elle a plaqué son cabinet d’avocat et est parti sur les routes de France, en vélo! Une aventure humaine et reconstructrice. Elle sème des cailloux peints avec des citations bienveillantes au dos et part à la recherche de la moindre Boîte à livres. Un accident de vélo. La rencontre avec Ida. Et là voilà hébergée elle aussi par Greg.

4 vies qui se percutent. 4 personnes qui vont s’apprivoiser. 4 personnes qui vont s’éveiller, et guérir leurs maux ensemble.

A la fois émouvant et lumineux, on ne peut s’empêcher de sourire au cours de notre lecture. Ida et Solène sont deux personnages solaires, deux personnes qu’on aimerait avoir dans nos vies. J’ai aimé apprendre à les connaître tous les quatre, et j’ai encore plus apprécié de les voir « s’apprendre » mutuellement. Chacun a un rôle déterminant dans l’évolution de leurs sentiments, de leurs avenirs.

Ce roman c’est une bouffée d’air pur. J’ai aimé chacun des personnages. J’ai aimé le passage d’un point de vue à l’autre. J’ai aimé découvrir leur vie chaotique, blessée. J’ai aimé les voir se reconstruire.

Et j’ai aimé la plume légère et fantaisiste de l’autrice. Alors bien sûr, elle aborde le thème douloureux et sensible du deuil, et ceux non moins délicat de la confiance en soi, de la culpabilité ou encore de la famille toxique, mais elle a sa façon à elle de l’aborder avec des personnages haut en couleurs. Et elle adapte le vocabulaire à l’âge passant du seum et des balec d’Alexia aux expressions datées d’Ida : un délice à chaque page!

Au fil des pages, on voit les fils de leur relation se tisser, se resserrer et prendre sens, à différents niveaux. L’autrice n’est pas avare de surprise d’ailleurs !

On ressort de ce roman avec du baume au cœur, le sourire aux lèvres et aux livres… C’est bon, c’est bien, ça fait du bien! Je vous le prescris à forte dose!!