Lupus, 2016
(existe en version papier)
Cher lecteur, je m’apprète à te raconter un fragment de vie d’une des personnes les plus influentes que ce monde ait connu. Mais toi, commun mortel, tu ne la connais surement pas. Ne te meprends pas, il ne s’agit pas de quelqu’un que tu apprecieras. Il est meme tres probable que tu le qualifies d’antipathique. En ai-je trop dit ? Je ne voudrais pas alterer ton jugement, rien ne m’interesse plus que ton jugement. J’espere que tu n’es pas offusqué par mon tutoiement. Je vais te plonger dans l’intimite de quelqu’un, dans ses peurs, ses faiblesses, ses secrets. Ce quelqu’un, je l’ai crée. Autrement dit, je t’ouvre un tunnel direct vers mon moi le plus profond. Nous avons donc deja entame une forme de partage. J’estime donc que te tutoyer n’est pas si cavalier. Je te prie de m’excuser, je m’egare dans des considerations triviales. Tu n’es pas là pour ça. Revenons plutot a cette personne. Tu sais, il est des métiers dont on ne pourrait soupconner l’existence, de par leur … invraisemblance. L’homme dont je te parle exerce une de ces professions. Nul n’est plus compétent en son domaine. Toutes les institutions legales et illegales le savent pertinemment. Tous ont besoin de lui. Imagine l’existence d’un individu aussi intouchable qu’omniscient. Ressens son pouvoir. Laisse-moi te le presenter. Dans la matrice de ce monde, on le nomme Lupus. »
Mon nom est Jimmy Oppeg. Ce que je m’apprête à vous raconter va probablement me conduire en enfer, à une rapidité démente – au moins au cimetière le plus proche, si l’on daigne m’enterrer. Ceux qui me tueront n’auront peut-être pas cette décence. Quant à ma famille, je n’ose même pas imaginer ce qu’ils devront endurer.
Lupus… « Le loup est un mammifère de la famille des canidés. »; « Le lupus est une maladie auto-immune. »Deux petites phrases d’introduction. Deux petites phrases qui donnent le ton.
Lupus est un être à part. A part dans la société dont il s’est isolé. A part dans son comportement violent, vengeur. A part, par son métier unique en son genre. Oui Lupus n’est pas un loup au premier sens du terme, il est un être humain qui agit dans l’ombre. Dans ce récit, il se livre à nous : ses humeurs, son cheminement de pensée, ses engagements, les raisons de son comportement hors norme. La vie a fait de lui celui qu’il est aujourd’hui. Un être sombre, dangereux dont il vaut mieux avoir la confiance… quoique… ça ne suffit pas toujours avec lui.
Dans une première partie, il va nous expliquer qui il est et ce qu’il fait. On entre dans la la part sombre de son être. Depuis plus de dix ans, il agit dans l’ombre des puissances de ce monde. Il agit pour leur compte. Il est tortureur, un homme qui sait soutirer les secrets des autres, éliminer les problèmes. Mais il est surtout celui qui détient les clés des dessous des affaires mondiales. Lui seul sait déjouer les conflits car sachant ce qu’il sait il peut obtenir tout ce qu’il désire. A sa façon, il maintient un équilibre dans la géopolitique mondiale. Il n’échoue jamais c’est ce qui fait son succès et sa renommée. Tout le monde le craint, tout le monde le veut de son côté.
Dans une seconde partie, suite à un grain de sable dans sa mécanique, Lupus a disparu. un an qu’il n’agit plus dans l’ombre. Un an que l’équilibre qu’il a créé se craquelle. Mais que se cache-t-il derrière cette disparition? A-t-il un plan?
Rod Merrina avec ce roman ambitieux trace le portrait d’un homme très charismatique, qu’il vaut mieux éviter! Il peint un portrait noir de l’âme humaine et de ses travers. Mais l’auteur fait également de son personnage un porte-parole : il y met en avant des valeurs écologiques, économiques et politiques. On y ressent son côté militant.
Côté plume, j’ai beaucoup apprécié le style de l’auteur. En usant dans la première partie notamment, de la première personne du singulier, le lecteur est directement mit en contact avec ce personnage qui s’adresse directement à lui. Il le prend à témoin de ses faits et actes. Et le lecteur même s’il condamne sa façon de faire ne peut que comprendre pourquoi il en est arrivé là. Et il se demande vers quoi va ce récit, quel en sera le dénouement que l’on sent explosif et qui sera inattendu mais à la hauteur de Lupus! Le récit claque sous la plume de l’auteur : les phrases sont rythmées, percutantes; le langage employé donne vie à ce personnage. Les thèmes abordés – et surtout la façon dont il les aborde – font réfléchir le lecteur, il se questionne et regardera peut-être différemment la masse d’information qui nous submerge chaque jour.
Un roman noir, sombre, satirique, sociétal, militant. Une belle découverte.
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