Sarbacane, 2017 (Exprim’)

Jeanne a ses propres problèmes. En fuite, elle vise la lointaine Thaïlande, où elle espère exercer ses talents de boxeuse thaï. En effet, elle sait pouvoir encaisser les coups : son corps ne les sent pas. À l’intérieur, c’est une autre histoire.
Les gens du pays disaient les bois, pas la forêt. Les forêts sont plus vastes, elles sont aprfois impénétrables; Avec ses puits d’ombre et ses lumières suspendues, celle-ci aurait pourtant fourni un bon repaire aux fées, aux enchanteurs et aux lutins.

Déjà, au premier coup d’œil, la couverture claque, attire le regard. Ce rouge qui n’est pas sans rappeler la couleur du sang, ce titre porté tel un tatouage par cette jeune fille, le dragon…
Et puis, on l’ouvre, on commence à lire les premiers mots. Une syntaxe rapide, percutante, un langage franc, familier. Il colle au personnage que l’on va découvrir. Jeanne. Une jeune fille écorchée vive, combative (mais que l’on découvrira fragile), débrouillarde, solitaire. elle vit dans la rue. Son rêve : devenir boxeuse thaï en Asie et elle économise pour cela.
Et même si le récit est mené à la troisième personne du singulier, j’ai vraiment eu l’impression que c’était Jeanne qui nous parlait directement. Et vous allez comprendre pourquoi dans un moment.
Alors que Jeanne est en route pour son abri du soir, elle découvre une pauvre mamy complètement apathique, assise sur un tronc en plein coeur du bois. Son premier réflexe est de ne pas s’approcher, de l’éviter. On comprendra assez vite ce premier instinct : elle cherche toujours à être le plus discrète possible. Cependant, elle va se rapprocher. La vieille femme est muette, semble éteinte, ailleurs. Elle ne bouge pas, regarde dans le vague. Jeanne se dit alors qu’elle va l’amener jusqu’à un bus et la laisser là. Quelqu’un s’en débrouillera. Et puis, de fil en aiguille, elle ramène cette mamy dans sa cabane de fortune. Elle lui fait un pitié, cette femme abandonnée. Elle la baptise Al, comme Alzheimer. Elle va, contre toute attente, s’habituer à cette compagnie. Elle qui n’a jamais pu compter sur personne. Elle qui se méfie de tout et de tout le monde. Elle, l’écorchée, la solitaire va se mettre à parler pour combler le vide, le silence qui sépare ces deux femmes. Elle parle, elle se raconte, elle nous raconte. On ressent son besoin de s’expliquer, de se justifier, de se libérer d’un poids. Et Al qui ne peut la juger, la critiquer, la prendre en pitié est le témoin idéal pour ça.
J’ai été plus que touchée par cette relation qui était en train de naître sous mes yeux. Car même si on imaginait un échange à sens unique, il y a bien plus que ça. J’ai été émue par cette mamy anonyme, bloquée dans son corps, dans sa tête. Dans ma tête, j’imaginais qu’elle ressemblait à ma grand-mère, elle aussi atteinte par cette terrible maladie. Et le final m’a d’autant plus remuée. Et Jeanne… Jeanne elle aussi est une jeune fille pour qui on ne peut que ressentir de l’empathie pour ce qu’elle traverse depuis son plus jeune âge. La vie, sa famille n’a vraiment pas été tendre pour elle. Son caractère n’est pas comme ça pour rien.
J’ai été plus que touchée par cette relation qui était en train de naître sous mes yeux. Car même si on imaginait un échange à sens unique, il y a bien plus que ça. J’ai été émue par cette mamy anonyme, bloquée dans son corps, dans sa tête. Dans ma tête, j’imaginais qu’elle ressemblait à ma grand-mère, elle aussi atteinte par cette terrible maladie. Et le final m’a d’autant plus remuée. Et Jeanne… Jeanne elle aussi est une jeune fille pour qui on ne peut que ressentir de l’empathie pour ce qu’elle traverse depuis son plus jeune âge. La vie, sa famille n’a vraiment pas été tendre pour elle. Son caractère n’est pas comme ça pour rien.
Pour débuter ce billet, je parlais de la syntaxe et du langage. Une syntaxe rapide, qui claque et qui calque le caractère bien trempée de la jeune fille. Le ton est sombre, brut quand Jeanne se livre, mais il y a des petites touches de lumière lors des moments de complicité entre elle et Al.

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