Minuit vingt
Titre original : Meia-note e vinte
Auteur : Daniel Galera
trad. du portugais (Brésil) par Régis de Sa Moreira
260 p.
Dans un Porto Alegre accablé par la chaleur et paralysé par une grève des transports, trois amis se retrouvent plus de vingt ans après s’être perdus de vue. À la fin des années 1990, ils avaient lancé un célèbre fanzine numérique, et ce qui les réunit aujourd’hui, c’est la mort du quatrième membre de la bande ; devenu entre-temps un écrivain très en vue sur la scène brésilienne : Andrei Dukelsky, surnommé « Duc », assassiné en pleine rue pour un stupide vol de portable. À l’occasion de ces retrouvailles, chacun des trois personnages raconte sa propre histoire à la façon d’un puzzle et se remémore le tournant du millénaire, esquissant le portrait incertain de l’ami disparu et le roman d’une génération qui doit tout réinventer, à commencer par son rapport au monde à l’heure d’Internet et des réseaux sociaux.
Cette ardeur soudaine en faveur de la destruction du monde avait à voir avec l’odeur de merde humaine sur les trottoirs, avec les effluves des ordures accumulées autour des conteneurs municipaux, avec la grève des transports publics et avec le désespoir général face à la vague de chaleur qui écrasait Porto Alegre en cette fin janvier, mais s’il y a eu un avant et un après, un tournant entre la vie que je me préparais à vivre et celle que j’allais vivre, ce tournant a été la nouvelle du meurtre d’Andrei dans une attaque à main armée, la veille au soir, près de l’hôpital de Clinicas, à quelques rues du quartier de Ramiro Barcelos dans lequel je marchais alors.
Daniel Galera a déjà publié deux romans aux éditions Gallimard, Paluche et La Barbe ensanglantée, ainsi qu’un roman graphique Cachalot (Ed. Cambourakis). Pour ma part, je le découvre avec ce roman Minuit vingt, où il trace le portrait d’une génération, d’une époque, pointant les dérives d’une société ultra connectée, des maux de notre siècle, de la solitude et des désillusions de ses personnages ayant grandit avec de l’espoir et qui se confrontent à un monde de plus en plus noir, de plus en plus dur.
A travers ses héros du quotidien, Daniel Galera aborde des thèmes forts, des thèmes qui toucheront le lecteur car il fera écho à son quotidien : politique, violence sociale, les relations sociales, l’amour, l’amitié, les rêves et les espoirs déçus, le monde du travail,
Andrei Dukelsky, surnommé « Duc », un auteur à succès, vient d’être assassiné pour un simple téléphone portable, en peine rue. Trois de ses amis, Emiliano, Antero et Aurora se retrouvent à cette occasion. Ils étaient assez proche dans le passé, avaient créé un fanzine numérique pendant leurs études. Mais la vie les a séparé. Ils se remémorent, chacun à leur tour, leur vie d’avant, leur vie auprès de Duc, leur vie où ils avaient encore de ‘espoir en l’avenir. L’occasion de faire un point sur ce qui leur est arrivé. De penser au passé. D’essayer de comprendre à travers leur souvenir leur ami Duc.
J’ai aimé découvrir ces riches portraits, cette écriture brute, riche en réflexion humaine. L’écriture, est simple, sans fioriture. Il va droit au but, touche au plus juste l’âme humaine. Les personnages sont fouillés, travaillés. J’ai eu l’impression de ne connaitre qu’une facette de leur personnalité, comme si l’auteur ne disait que l’essentiel, que ce qui avait de l’intérêt pour cette histoire là, et qu’ils avaient encore pleins d’autres choses à nous dire.
Les textes auxquels elle faisait référence, comme tant d’autres que j’avais publiés sur Internet dans les années quatre-vingt-dix, étaient fourrés au fond du tiroir de ma mémoire et me donnaient l’impression d’avoir été écrits par une personne que j’avais certainement été, mais depuis longtemps cessé d’être.
Un roman fort, moderne, à part.
