Toutes les histoires d’amour du monde
Auteur : Baptiste Beaulieu
477 p.
Mazarine, 2018
Le grand-père de Jean, Moïse, raconte dans des lettres d’amour l’histoire de sa vie. Lorsque Jean et son père les découvrent, le premier est surpris, le second tombe dans une profonde mélancolie : la destinatrice, Ann-Lise Schmitt leur est inconnue et ils voient Moïse sous un nouveau jour, loin de l’homme dur qu’ils connaissent. Jean tente de comprendre et dévoile un lourd secret.
Dans l’Antiquité, les Grecs usaient de quatre termes différents pour désigner ce qu’on regroupe aujourd’hui sous le même mot « amour ».
Quatre termes, comme autant de façons de définir quatre sentiments distincts.
Il y avait l’Eros, la Philia, l’Agapé et la Storgé.
La légende raconte qu’il existait un cinquième terme, une cinquième manière d’aimer, mais que les Hommes, jaloux et cupides, finirent par l’oublier faute de l’utiliser.
Le nouveau roman de Baptiste Beaulieu! Je l’attendais avec beaucoup d’impatience. Quelle lecture! Sensible, émouvante, perturbante par moment.Il a provoqué chez moi un tsunami émotionnel… après la lecture des premières pages, il m’a fallu le poser… attendre quelques jours pour être prête à le lire, car la situation de départ était proche de ce que j’étais en train de vivre. Je savais que j’allais vivre une expérience de lecture qui ne me laisserai pas impassible. Comme à caque fois avec Baptiste Beaulieu.
J’ai retrouvé dans son écriture sa personnalité bienveillante, son regard sur l’humain pleins de tendresse. Une écriture toujours dans la justesse émotionnelle.
Son roman, comme l’indique son titre, parle d’amour. Amour fraternel. Amour amoureux. Amour familial. Amour filial.
Le temps passe trop vite. A croire que les moments heureux et gratuits ont des moteurs au train arrière.
Son personnage, Jean, vient de perdre son grand-père, Moïse. Fâché avec son père, il ne s’est pas rendu à l’enterrement et ça le mine. Et un jour, son père débarque sans prévenir dans son cabinet et lui parle qu’il a découvert un secret à propos de Moïse… et il fait un malaise. Usé, malade, il ne peut continuer ses recherches, cette quête de vérité sur son histoire et celle de son père. Jean décide alors de prendre le relais, afin de recoller les morceaux avec son propre père. I partage avec nous lecteur les lettres retrouvés dans le carnet du grand-père. Des lettres adressées à une certaine Anne-Lise, des lettres semble-t-il écrite tous les ans, datées à chaque fois du 3 avril. Des lettres où Moïse raconte son enfance, son adolescence, sa vie, ses amours, sa famille et la guerre… Jean découvre son grand-père sous un autre jour. Comme si celui qu’il avait connu, peu bavard, peu expansif, était un autre. Mais qui est cette Anne-Lise? Mais qui était Moïse ?
Que signifiait tout cela ? Tout ce bruit après tout ce silence ? Ces pages et ces pages gribouillées après ces années muettes ? Mon grand-père avait mis de l’ouate autour de son existence, il avait feutré tous ses rapports avec ses fils, avec sa femme, avec ses petits-enfants, et maintenant il nous faisait ÇA ? Il écrivait la vérité et l’adressait à quelqu’un d’autre ? À une inconnue ? Pépé, salaud.
Jean part dans une quête improbable sur les traces de ce grand-père, il voyage, fait des rencontres. Et pour redonner un peu de vie à son père, il lui ment, lui dit qu’il a retrouvé les descendants de personnes qu’a côtoyé Moïse jadis. Et il lui livre leur histoire, ces rencontres inattendues délivre des messages sur l’amour…
Mais les regrets, oh, les regrets… Toi qui me lis, souviens-toi des tiens, et tu seras d’accord: jamais ils ne disparaissent, les regrets. Ils enflent avec les années, ils vous dévorent le soir, ils teintent de tristesse le plus joyeux des rires et tournent à l’amer le plus sucré des mets. C’est là leur grand pouvoir sur nous.
Baptiste Beaulieu oscille entre passé et présent, donne un écho du passé dans les récits du présent. On voit cette relation père-fils renaître, le fils faisant tout son possible pour apaiser son père et lui faire comprendre son amour… On dessine également le portrait de cet homme énigmatique, un homme qui a toujours été secret pour sa famille. un homme qui a tu son passé avant la rencontre avec la grand-mère qu’il a connu… mais qui n’a pas été la seule femme dans sa vie.
Tout en romançant cette histoire, l’auteur s’appuie sur son histoire personnel. Les photos qu’il partage existent. Les lettres existent (pas sous la même forme mais l’idée est là). Cette Anne-Lise existe vraiment et il l’a cherché pendant deux ans.
On est dans l’intime, dans l’émotion. Ce roman parle d’amour mais pas seulement, il parle de relation humaine, d’amitié, de secrets et de non-dits dans la famille qui ont des répercussions sur ces relations. Il parle de l’histoire familiale qui rencontre l’Histoire d’un pays, d’un peuple.
J’ai refermé ce livre avec d’étranges sentiments dans le cœur… une envie d’aimer, de partager, d’espérer. L’écriture est sensible, douce, parfois plus dure et ferme dans les moments narratifs qui l’exigent.
Il y a quoi dans ces lettres ?
– La plus belle histoire d’amour qu’ai jamais lue.
– Ce n’était pas avec grand-mère, cette histoire, hein ?
– Évidemment que non !
Baptiste Beaulieu est un tisseur d’histoires, un tisseur magique. Il nous invite une fois de plus à partager le temps de notre lecture des émotions uniques et fortes.
Le nouveau roman de Baptiste Beaulieu est une vague de sincérité, d’émotions et de vérité. Un roman intense.
Les Lectures d'Azilis 
Ce livre m’a bouleversé.
moi aussi…
Pour ma part je suis restée un peu sur ma faim concernant ce roman… L’histoire de Moïse m’a touchée, mais les passages actuels pas du tout.