Avec toutes mes sympathies
Autrice : Olivia de Lamberterie
lu par l’autrice
256 p. / 6h32
Stock, 2018
Audiolib, 2019

Jusqu’à la mort de mon frère, le 14 octobre 2015 à Montréal, je ne voyais pas la nécessité d’écrire. Le suicide d’Alex m’a transpercée de chagrin, m’a mise aussi dans une colère folle. Parce qu’un suicide, c’est la double peine, la violence de la disparition génère un silence gêné qui prend toute la place, empêchant même de se souvenir des jours heureux.
Moi, je ne voulais pas me taire.
Alex était un être flamboyant, il a eu une existence belle, pleine, passionnante, aimante et aimée. Il s’est battu contre la mélancolie, elle a gagné. Raconter son courage, dire le bonheur que j’ai eu de l’avoir comme frère, m’a semblé vital. Je ne voulais ni faire mon deuil ni céder à la désolation.
Je désirais inventer une manière joyeuse d’être triste.
Les morts peuvent nous rendre plus libres, plus vivants. »

Avec toutes mes sympathies est son premier livre. Pas un roman ni une biographie… mais un morceau intime de sa vie. Ellle se livre à son lecteur, nous parle de son frère, un frère qui a décidé de partir.
Dans ce livre, elle nous raconte sa relation avec son frère… leur complicité, leur tendresse, leurs échanges. La mélancolie de ce frère qu’elle aimait tant mais que personne n’a jamais su aider. Du moment où elle apprend sa mort, elle n’est plus capable de lire une ligne, elle pour qui lire est plus que son métier. Elle ne veut pas lire la souffrance des autres, les émotions des autres. Elle éprouve un profond besoin de retrouver son frère et pour ça, elle va l’écrire, coucher sur le papier sa douleur, les moments avec lui. On va alors apprendre à le connaître, à tenter de comprendre son geste.
Si, pour toi, c’est mieux, j’accepte de vivre décapitée.
L’émotion est là, palpable à chaque mot, à chaque page. L’émotion est d’ailleurs d’autant plus présente pour moi car il ne s’agit ici pas d’une lecture mais d’une écoute, et la voix qui lit ce texte n’est autre que celle de l’autrice elle-même. Ainsi, elle nous transmet d’autant mieux ses sentiments. On la sent enjouée, heureuse lors des bons souvenirs. On ressent la douleur, la peine, la fragilité dans les périodes plus dramatiques.
Ces épisodes sont dit souvent d’une voix monotone, sans fluctuation. D’ailleurs au début de mon écoute, je n’aimais pas ces passages sans intonation ou presque. Mais avec le recul, j’imagine que c’est un effet volontaire… après un deuil aussi douloureux, on est anesthésié, on a l’impression de ne plus rein ressentir. Et dans ce sens, l’effet vocal est réussi.
Le suicide d’Alex m’a transpercée de chagrin, m’a mise aussi dans une colère folle. Parce qu’un suicide, c’est la double peine, la violence de la disparition génère un silence gêné qui prend toute la place, empêchant même de se souvenir des jours heureux. Moi, je ne voulais pas me taire.
Olivia de Lamberterie nous délivre un récit très personnel, très intime. Sur elle-même, sa famille et son frère. Elle a éprouvé le besoin de prendre la plume pour dire son amour pour son frère, pour laisser une trace de lui à sa façon à elle.
Avec toutes mes sympathies est un hymne d’amour à un frère.
Avec toutes mes sympathies est un hymne d’amour à un frère.
Lire permet non de fuir la réalité, comme beaucoup le pensent, mais d’y puiser une vérité.
