Roman

Valentine ou la belle saison d’Anne-Laure Bondoux

Valentine ou la belle saison

Autrice : Anne-Laure Bondoux

406 p.

Fleuve éditions, 2018

résumé À 48 ans et demi, divorcée et sans autre travail que l’écriture d’un manuel sur la sexualité des ados, Valentine décide de s’offrir une parenthèse loin de Paris, dans la vieille demeure familiale. Là-bas, entourée de sa mère Monette et du chat Léon, elle espère faire le point sur sa vie. Mais à la faveur d’un grand ménage, elle découvre une série de photos de classe barbouillées à coups de marqueur noir. Ce mystère la fait vaciller, et quand son frère Fred débarque, avec son vélo et ses états d’âme, Valentine ne sait vraiment plus où elle en est. Une seule chose lui semble évidente : elle est arrivée au terme de la première moitié de sa vie. Il ne lui reste plus qu’à inventer – autrement et joyeusement – la seconde.

çacommencepar Quelques minutes avant l’entrée du train en gare, Valentine courut s’enfermer dans les toilettes et vomit entièrement le menu Escapade acheté au bar ambulant de l’Intercités deux heures auparavant. Un ingrédient pas frais? Peut-être.

cequejenaipensé Valentine… la nouvelle héroïne d’Anne-Laure Bondoux est émouvante. Valentine, presque 49 ans, divorcée, deux enfants adulte, au chômage. Valentine en pleine déprime… et on peut la comprendre. Elle qui rêvait d’un nouveau départ professionnel est en pleine désillusion. Elle a réussi à obtenir un contrat pour la rédaction d’un guide sur la puberté! ô joie! (ironie!!). Et son ex lui apprend qu’elle doit quitter au plus vite le logement social qu’elle occupe car il est sur le point de rentrer au gouvernement (on est à la veille des dernières élections présidentielles, et il est très proche de Macron). Dépitée, dépressive, fatiguée, elle part se réfugier chez sa mère. Adieu Paris, bonjour la campagne. Le bon air, les souvenirs d’enfance, les discussions avec Nonette, sa mère. Cela va la ressourcer. Quand elle arrive chez sa mère, le chat Léon l’accueille.
Anne-Laure Bondoux plante ainsi le décor de sa nouvelle intrigue, nous présentant un personnage fragile, dépitée. L’introduction semble confuse, comme s’il y avait un grain de sable. Il y a quelque chose qui dérange mais on ne sait pas quoi… et puis le frère arrive sur son destrier (un vélo haut de gamme). Et tout s’éclaire… et ajoute un drame de plus pour comprendre l’attitude de Valentine. Le roman prend alors une ampleur différente, et un nouveau souffle. Valentine n’est qu’au début de la révolution que va connaître sa vie.

Comme à son habitude, l’autrice donne un véritable charisme aux différents protagonistes, une dimension pleine d’humanité, de réalisme. On a l’impression de les connaître, de les fréquenter depuis toujours. Elle a une réelle capacité d’insuffler du réalisme à ses personnages et c’est ce que j’aime indéniablement chez elle.

– Moi qui croyais être née dans une famille normale …
– Elle est normale justement. Tu en connais beaucoup, des familles où tout le monde s’aime, se parle sans hypocrisie ni jalousie, et ne cache rien à personne ?

Le récit oscille entre nostalgie et reconstruction. Valentine, son frère Fred et bien d’autres personnages de cette histoire, ont besoin de nouveau départ. Ensemble, ils vont s’aider, se porter, se construire un autre futur, passer à une autre saison de leur vie. Le texte est à la fois simple et fort de par son thème universel et de par ses personnages réalistes. Ce qui arrive à Valentine et aux autres peut nous arriver, ou nous est déjà arriver. C’est ce qui fait qu’on se sent d’autant plus proche d’eux. Anne-Laure Bondoux ne s’arrête pas là : elle ajoute à son intrigue une dimension surnaturelle, fantastique mais qui ne surprend pas car amener de façon sincère.

Envahie par une douce torpeur, Valentine les écoutait parler, le sourire aux lèvres. Elle les aimait bien, tous. Elle savait que malgré leurs grandes gueules, leurs grands gestes, aucun de ses camarades ne ferait de mal à une mouche et qu’au fond, c’était du jeu, tout ça, un petit théâtre rassurant où chacun tenait son rôle. Elle, bizarrement, ne connaissait plus son texte. Comment l’avait-elle oublié ?

Valentine est un roman touchant et émouvant, abordant les thèmes de la fragilité et de la reconstruction de soi, des dégâts que les non-dits peuvent faire dans une famille. Comme à chaque fois, la magie des mots de l’autrice m’a emportée, charmée. J’étais bien dans ce roman. J’étais au côté de Valentine et je n’avais pas envie de la quitter.

en bref Une nouvelle fois, la magicienne Anne-Laure Bondoux a frappé : un texte touchant, émouvant et sincère.

 

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