
Mais les apparences peuvent être trompeuses et Fliss va découvrir que Margot n’a pas toujours été celle qu’elle est …

On était arrêtées sur une aire d’autoroute et on faisait les cent pas sur l’accotement pour se dégourdir les jambes. Bien sûr, j’ai mordu à l’hameçon comme une gourde :
– et alors?
Oh, je sais très bien que je dois me sentir visée, ça ne fait pas un pli. elle me déteste, elle m’a toujours détestée.
Ces dernières années, Félicity, ou Fliss pour les intimes, a été une petite infirmière attentionnée et s’est pliée en quatre pour sa mère atteinte d’un cancer. En rémission, mère et fille ont décidé d’aller passer quelques mois auprès de Margot, la grand-mère de Fliss, afin que tout le monde recharge les batteries et prendre l’air loin de Londres. Pour Fliss, cela s’annonce compliqué : déjà elle sera loin de ses amies, il va falloir qu’elle s’habitue à la vie campagnarde (et à la vie de ferme !) et surtout il y a Margot. Sa grand-mère. Très hautaine. Qui lui fait énormément de réflexion sur sa façon de s’habiller, qui la critique quant à sa culture et à la futilité de ses loisirs. Bref, une grand-mère charmante! En plus à peine arrivée, elle doit reprendre le chemin du lycée alors qu’il était prévu qu’elle prenne ses marques d’abord. Elle va donc devoir affronter aussi cette rentrée, devoir être la nouvelle, qui lus est, londonienne. Dans un lycée mixte alors qu’elle n’a jamais connu ça! Fliss connaît donc une véritable révolution dans sa vie et c’est pas de tout repos !
— Margot est âgée. Elle est comme elle est. Tu es jeune et plus souple. On va devoir s’adapter un peu à son caractère.
— Tous les cours de gym du monde n’arriveraient pas à nous rendre assez souples pour ça.
Cependant, même si le roman connaît un début assez léger, il prend une tout autre tournure quand Fliss trouve par hasard le journal intime de Margot adolescente. Elle va découvrir une facette de sa personnalité qu’elle ne soupçonnait même pas. Et des pans du passé familial bien caché également. Margot a été envoyé dans la campagne galloise au moment de la seconde guerre mondiale. Dans ce journal, elle livre ses émotions et son vécu pendant cette période.Par ailleurs, on se rend également compte que le côté futile de la jeune Fliss cache aussi beaucoup de souffrances, une carapace pour se protéger de ce qu’elle a pu vivre aux côtés de sa mère.
– C’est tellement bizarre. Elle était, genre, supercool, ma grand-mère. Dans son journal, elle raconte qu’elle déchiffrait même des messages codés ! Mais maintenant, c’est … une vraie harpie tout droit sortie des Enfers…
Fliss m’a parfois un peu énervée car elle semble superficielle mais finalement je retiendrais d’elle qu’elle est une jeune fille touchante, altruiste et à l’écoute des autres. J’ai également apprécié découvrir Margot au fil de la lecture de son journal intime, aimer comprendre sa froideur. Chacune d’elle a son propre mécanisme de défense contre la souffrance, et il va leur falloir du temps pour se comprendre et s’apprivoiser. J’ai aimé les voir s’ouvrir l’une à l’autre, les comprendre et les voir évoluer dans ce moment de vie difficile.
Avec le temps, on apprend à ne plus rien ressentir. C’est la seule manière de survivre.
Dans ce roman, l’autrice, Juno Dawson, évoque la guerre, la perte, l’injustice, les relations amoureuses, le féminisme mais aussi l’homosexualité. Il est bien plus poignant que ce que j’imaginais au départ. J’ai même versé quelques larmes tellement certains passages m’ont émue. Mais il est aussi drôle et piquant tant dans les relations et les réflexions échangées entre Margot et Fliss, que dans les relations avec ses nouveaux amis.
Un roman poignant où l’on rit et pleure à la fois! Une très belle lecture !
Je prends en note pour un moment où j’aurai envie de lire quelque chose d’un peu doux amer!