Roman

La Commode aux tiroirs de couleurs d’Olivia Ruiz

La Commode aux tiroirs de couleurs

Autrice : Olivia Ruiz

Lu par l’autrice

4h10

Audiolib, 2021
JC Lattès, 2020

 

résuméÀ la mort de sa grand-mère, une jeune femme hérite de l’intrigante commode qui a nourri tous ses fantasmes de petite fille. Le temps d’une nuit, elle va ouvrir ses dix tiroirs et dérouler le fil de la vie de Rita, son Abuela, dévoilant les secrets qui ont scellé le destin de quatre générations de femmes indomptables, entre Espagne et France, de la dictature franquiste à nos jours.

cequejenaipenséPlus besoin de présenter la talentueuse Olivia Ruiz. C’est une chanteuse et compositrice que j’apprécie depuis très longtemps. La richesse de ses textes notamment. Je n’ai donc pas été surprise d’apprendre qu’elle sortait un roman et j’étais très curieuse de le découvrir. C’est chose faite désormais et en plus le plaisir a été décuplé puisque c’est Olivia Ruiz elle-même qui nous le lit ici dans sa version Audiolib. Une diction parfaite, un voix chantante, mélodieuse, tendre et douce. 4h de plaisir auditif à m’immerger complètement dans ce texte sensible et émouvant.

Une jeune femme vient d’hériter d’un meuble de sa grand-mère chérie, Rita. Ce n’est pas n’importe quel meuble. C’est LE meuble. Celui qui raconte une vie, celle de son abuela, celle de sa famille. C’est le meuble emblématique de la famille.

Je ne sais pas vous mais j’imagine sans mal l’importance de ce meuble, la signification qu’il peut avoir pour cette jeune fille. Chez mes grands-parents, il y avait ce genre de meuble. Un meuble qui rassemblait la vie, où les enfants et petits-enfants adoraient (ou auraient adoré) fouiller. Un meuble qui nous semblait renfermer mile et une merveilles, mille et un secrets. Un meuble qui nous rappellera encore et toujours des souvenirs ancrés dans nos mémoires.

Pour moi comme pour beaucoup d’immigrés, qui ne sont ni d’ici ni de là-bas, le voyage est une autre résidence, comme la langue est une maison. Le mouvement, chez moi, est un ancrage. Entendre et parler espagnol en revanche, c’est fredonner l’air de ma première berceuse. C’est redevenir l’enfant que j’ai été, c’est être au plus près de ce que je suis. Avant que la vie ne m’esquinte.

Cette mystérieuse commode… ce moment est émouvant, unique. Elle a enfin l’occasion de satisfaire sa curiosité, de se rapprocher une dernière fois de cette grand-mère tant aimé mais qui était si secrète sur son passé. Alors elle ouvre un tiroir…
Et c’est la voix de la grand-mère qui prend le relais. On remonte dans le temps, sur l’histoire familiale. Sa vie en Espagne, sa fuite en France pour échapper à la guerre civile espagnole, la construction d’une nouvelle identité, d’une nouvelle vie…

Comment t’expliquer ce que ça fait d’arriver dans une école dont tu ne parles pas la langue ? C’est comme être saoul, ou plutôt comme être sourd-muet.

Olivia Ruiz, même si c’est ici une fiction, s’inspire de l’histoire de sa famille et des centaines de famille qui ont vécu cette migration. Dans la famille de l’autrice, c’était le non-dit. On ne parlait pas ou très peu de cette période difficile. Dans ce roman, elle a mis en mot un destin parmi tant d’autre d’une femme espagnole ayant du quitter ses racines et reconstruire. Une femme courageuse, qui avait envie d’être libre de vivre sa vie, ses choix.

Aller de temps à autre dépoussiérer les tiroirs de la commode permet de maintenir les souvenirs en vie pour qu’ils ne s’échappent pas, ces petits farceurs.

J’ai aimé la sensibilité et le respect qui se dégagent les mots de l’autrice. Le roman, comme son titre, est coloré, riche de vie, d’anecdotes, d’amour et de tendresse.

Ma grand-mère, depuis toujours, c’est elle qui décide, elle qui nous mate. Elle est comme sa cuisine, d’abord elle te tente irrésistiblement, te surprend, puis te violente de son tempérament épicé. Quand le repas est est terminé pourtant, c’est une saveur suave qui te reste dans la bouche, rassurante parce qu’elle te donne l’impression d’être aimé passionnément.

En ce qui concerne l’écriture d’Olivia Ruiz, j’ai aimé la musicalité du texte, la richesse de la construction de ses phrases. On ressent son habitude d’écrire pour des paroles de chansons : ce n’est pas de façon péjorative que je dis ça, attention! C’est dans le sens où elle choisit chaque mot, chaque image avec attention, pour que chacun est un sens.

Une très belle audiolecture que je vous conseille.

 

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