Imbécile heureux
Auteur : Jean-François Sénéchal
247 p.

T’es partie le jour où j’ai eu dix-huit ans. L’appartement était propre pis bien rangé quand je me suis réveillé, ça arrivait pas souvent. En plus, t’avais enlevé tout ce qui traînait sur la table de cuisine, même ton jeu de cartes préféré, celui avec la photo de Niagara Falls. Peut-être que tu l’avais amené dans ton lit pour faire des parties de patience avant de te coucher.
Chris vient tout juste d’avoir 18 ans. Et comme cadeau, sa mère l’abandonne… Lui, au début, il pense juste qu’elle a rangé ses affaires. Mais il se rend vite à l’évidence, elle est partie. Il l’attend mais elle est partie. Il l’attend longtemps… Chris a peut-être 18 ans mais dans sa tête, c’est encore un enfant. Il est habitué à certains rituels. Il sait se débrouiller pour pas mal de chose mais le fait de se retrouver seul va provoquer une nouvelle autonomie chez lui. Au début, il déprime évidemment. Il attend, il ne comprend pas.
Mais heureusement, grâce à la bienveillance de certaines personnes, il arrivera à faire face, à se débrouiller. Même s’il va commettre des erreurs, des maladresses. mais qui n’en fait pas ?
Pour atténuer cette absence, Chris s’adresse directement à sa mère : il lui raconte son quotidien, ses réflexions. Il se confie, s’épanche. Sans doute ne lira-t-elle jamais ses mots… Mais il en a besoin. Il se sent moins seul ainsi, y trouve une forme de compagnie, de réconfort. La propriétaire de l’immeuble va lui confier le rôle de concierge. Débrouillard, il aime aider les habitants, réparer, dépanner… Et quand il ne sait pas faire, il cherche à apprendre pour savoir faire ensuite, par lui-même. Chris est foncièrement gentil et innocent. Et même s’il est entouré par une majorité de gens bienveillants, d’autres voudront se servir de lui.
Chris dégage une forme de candeur attachante. Il fait preuve de beaucoup de courage. Dans l’épreuve qu’il traverse, il va se créer sa propre famille, un soutien important alors qu’il n’a jamais connu un véritable amour maternel.
J’aime tellement le titre choisi pour la version française de ce roman, paru aux Québec sous le titre Le Boulevard aux éditions Leméac en 2016. Imbécile heureux est une expression tellement représentative de la personnalité de Chris : il est naïf, simple mais il voit la majorité du temps les choses de façon positive, ne voit pas le mal chez l’autre. Il vit sa propre forme d’optimisme.
Ce roman est d’origine Québécoise et même s’il s’agit d’une adaptation française elle a été faite de façon « légère » (si on peut dire ça comme ça!!). En effet, l’accent et les expressions québécoises sont bien présentes dans le roman et c’était très agréable à lire. Un petit lexique est disponible à la fin pour éclairer certains termes mais au final je l’ai très peu consulté et cela ne m’a pas gênée dans ma compréhension du texte (de manière générale, je n’aime pas couper mes lectures pour aller jeter un œil à une définition ou à des notes situées en fin d’ouvrage car cela me coupe dans mon élan…).
Si j’ai aimé le personnage principal, j’ai également apprécié les thématiques de ce roman : l’autonomie, la famille de cœur, le courage, la différence, l’absence.

