Les Flamboyants (Nous, on a tué personne !)
Auteur : Hubert Ben Kemoun
134 p.
Sarbacane, 2022

C’était sûr de sûr.
On n’est pas des lumières, mais on le sentait. On le savait bien qu’il allait se passer quelque chose? On ne savait pas quoi, mais quelque chose.
Voilà un court roman qui sait retenir l’attention tout d’abord par son format et sa première de couverture colorée, et dans un second temps,… par son sous-titre qui plante le décor.
Huber Ben Kemoun, un auteur que j’aime beaucoup, fait une entrée marquante dans le catalogue des éditions Sarbacane. Avec ce roman policier… décalé.
Les Flamboyants est un institut spécialisé pour les enfants. Ce matin-là, une scène macabre attend les pensionnaires. L’un de leurs éducateurs est retrouvé mort sur la terrasse. Il semble qu’il soit tombé du balcon.
Les secours puis la police débarque. En effet, un fait les a interpellé. Et si ce n’était pas un accident.
Pour suivre cette enquête, nous ne sommes pas placés du côté de l’enquêteur. Mais du côté des enfants. Des enfants qui ne sont pas des enfants comme les autres. Ils ont des fragilités psychologiques. Et leurs témoignages seront marqués par leur méfiance, leurs difficultés de langage, de concentration. Le pauvre policier va avoir fort à faire pour dénouer leurs récits qui part un peu dans tous les sens. Ils ont leur propre logique, leur propre raisonnement, et surtout leur propre façon de voir les choses.
Claudius, Kenny, Martial, César et Samuel (qui a – par coïncidence nous n’en doutons pas 😉 – le même prénom que le roman qu’ils lisent avec leur éducateur, Terriblement vert, un roman de Hubert Ben Kemoun himself… j’adore ce genre de petit clin d’oeil dans les romans!). Bref. Ces cinq-là ont bien des choses à raconter. Il faut les suivre, lire entre les lignes, ordonner leurs dires pour éclaircir ce qu’il s’est passé.
Coupables ? témoins ? Accident ? Meurtre ?
Pas facile facile ! Et l’enquêteur va devoir faire preuve de patience, heureusement qu’il sera épaulée par un soignant. Dans leurs témoignages, ils vont faire pas mal de disgressions, qui vont leur permettre de se raconter, de se dévoiler. On va se faire une idée de leurs personnalités à part certes mais attachantes. Et ce sont bien eux qui décident comment, quand et quoi dire !
Les mots ne sont pas toujours les plus importants, parfois c’est le papier d’emballage qui compte, comme pour certains cadeaux.
J’ai trouvé à la fois très surprenant et très intelligent de faire ce choix de narration. D’un point de départ qui semble simple, l’auteur arrive à broder une histoire aux diverses répercussions, dont une des principales est le regard que l’ont peut porter sur ses enfants différents.
Hubert Ben Kemoun est un auteur jeunesse qui a une bibliographie très fournie. Il écrit aussi bien pour les plus jeunes que pour les ados. Il aime changer de genre littéraire au grès de son imagination. Pour avoir eu la chance de le rencontrer plusieurs fois, je peux vous dire que c’est une personne solaire, humaine et d’une grande gentillesse. Avant d’être cet auteur jeunesse que tout le monde connaît, il a été éducateur dans un institut spécialisé pour enfants psychotiques. Il connaît donc bien l’enfant. Et cette expérience professionnelle n’est sans doute pas pour rien dans l’écriture de ce roman. Ces enfants fragiles, psychotiques, traumatisés par ce qu’ils ont pu déjà vivre dans leur courte vie, il les connaît au plus près.
Et on retrouve cette connaissance dans la façon d’être de ces jeunes héros, leur histoire qui se dévoile au cours de leurs témoignages, leurs blessures, leurs fêlures. Le mort passe au second plan. L’important ce sont ces jeunes. Ce qu’ils sont. Pourquoi ils le sont. Ils sont uniques. Ils sont attachants.
Ils illuminent ce petit roman. Ils sont les flamBOYants…

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