Rouge
Autrice : Pascaline Nolot
332 p.
Pocket, 2023
« Ce qu’il vit avant tout, c’était l’immonde coloris écarlate qui rongeait à moitié le nouveau-né ainsi que l’infâme petite boule de peau surplombant son regard. Le monstre avait engendré un autre monstre !– Comment devons-nous l’appeler ? lui demanda la vieille femme.
Il contempla le nourrisson en pleurs avec aversion. Puis il vomit sa sentence en un mot :
– Rouge ! »
Accroché au versant du mont Gris et cerné par Bois-Sombre se trouve Malombre, hameau battu par les vents et la complainte des loups. C’est là que survit Rouge, rejetée à cause d’une particularité physique. Rares sont ceux qui, comme le père François, éprouvent de la compassion à son égard. Car on raconte qu’il ne faut en aucun cas toucher la jeune fille sous peine de finir comme elle : marqué par le Mal.
Lorsque survient son premier sang, les villageois sont soulagés de la voir partir, conformément au pacte maudit qui pèse sur eux. Comme tant d’autres jeunes filles de Malombre avant elle, celle que tous surnomment la Cramoisie doit s’engager dans les bois afin d’y rejoindre l’inquiétante Grand-Mère. Est-ce son salut ou un sort pire que la mort qui attend Rouge ? Nul ne s’en préoccupe et nul ne le sait, car aucune bannie n’est jamais revenue…
Rouge est un conte fantastique moderne aux thèmes actuels. Il aborde le consentement, la peur de la différence, la violence, le viol, le féminisme.Un conte moderne qui bouscule, qui envoûte.
Rouge, c’est l’histoire d’une jeune fille pas comme les autres. Son drame quotidien depuis sa naissance. Rouge c’est d’ailleurs son prénom. Orpheline de mère, elle est née avec une tâche de naissance sur la figure. Une tâche, qui pour l’époque où se déroule cette histoire, est synonyme de Malin, de Diable.
Dans son petit village de Malombre, elle a grandi sous les cris, les dénigrements et les brimades des enfants et des adultes. Son apparence nourrit les superstitions. Il se dit que si quelqu’un touche sa peau, il s’enlaidira à son tour. Alors, la peur de la différence, les croyances prennent la forme de le harcèlement et la haine. Son père, l’aubergiste, s’occupe d’elle le minimum requit. Elle a un seul ami : Liénor. Avec lui, elle vit des moments d’accalmie même si leur relation ne va pas jusqu’au toucher.
Sa mère, morte en couche, était devenue folle. Comme possédée. Là encore, la superstition a nourri la légende de ses origines. Rouge serait la fille de Satan et sa naissance a été aussi le début d’une malédiction qui touche toute sa communauté. Une sorcière, surnommée la Grand-mère, vit dans la forêt à quelques encablures de là… A chaque fois, qu’une jeune fille perd son premier sang, elle doit dans les 7 jours suivants lui être envoyée. Ces bannies, comme elles sont surnommées, ne reviennent jamais au village. Personne ne sait ce qu’il advient d’elles. Personne ne peut fuir.
Bien évidemment, le tour de Rouge arrive… enfin! diront les villageois! Pour elle, il se réjouissent! Ils espèrent que la malédiction va enfin se lever. Et ils seront dans le même temps débarrasser de cette abomination.
Rouge part donc… Elle ne sait si elle doit se réjouir ou avoir peur. Elle est surtout curieuse. Et ce qu’elle a vécu depuis son plus jeune âge lui a forgé un caractère solide, capable d’affronter le pire.
Mais elle est loin de s’imaginer que ce voyage sera aussi l’occasion de découvrir la vérité sur sa filiation, sur sa naissance, sur son histoire.
Mais elle est loin de s’imaginer que ce voyage sera aussi l’occasion de découvrir la vérité sur sa filiation, sur sa naissance, sur son histoire.
Pascaline Nolot nous propose ici une fable dure, violente et cruelle. Certains passages m’ont remuée… m’ont mise en colère. Des propos tenus par un certain personnage n’est pas sans rappeler ce que vivent aujourd’hui des milliers de femmes. On les agresse, les violente… mais ces messieurs sont innocents… Mais bien sûr! C’est abject. C’est révoltant mais terriblement véridique.
L’autrice donne vie à un personnage blessé, tourmenté. Le harcèlement, les brimades et la violence qu’elle a pu vivre ont fait d’elle une jeune fille à la fois fragile, avec des cicatrices profondes à l’âme qui appellent la vengeance, et à la fois forte, car tout ce qu’elle a vécu lui a forgé un caractère solide, déterminé. Elle est devenue rusée et débrouillarde pour pouvoir survivre.Malgré tout, elle n’a jamais baissé les bras. Et c’est son histoire, son vécu qui la sauvera face à la sorcière.
J’ai adoré le personnage de Rouge. Pas ce qu’il lui arrive bien entendu. C’est cruel, ça met en colère. Personne ne devrait vivre ce qu’elle a du affronter. Mais j’ai aimé son caractère, sa détermination, sa vivacité, sa façon d’être.
Dès le moment où j’ai ouvert ce livre, j’avais du mal à le lâcher. Les mots de l’autrice m’ont envoûtée. L’ambiance, le décor, l’envie de découvrir la vérité sur l’histoire de Rouge.
J’ai aimé l’engagement du discours qui se découvre entre les lignes du récit. Des thèmes d’actualité dans un conte à l’aura médiévale, comme pour dire que la condition de la femme et de la peur de la différence ne changent pas… malgré le temps qui passe.
Un conte fantastique moderne : envoûtant et cruel.
Ravi de voir que cette réécriture t’as autant convaincu ! Ton avis est des plus édifiant et pertinent.
Oh merci ^^
Oh ça y est tu l’a lu ! 😊
Oui !!! et beaucoup aimé !!
Oui j’ai lu ça !
Trop bien 😉
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