336 p.
Editions Belfond, 2025
Editions Belfond, 2025
Matt, jeune père de famille, savoure une bière en terrasse à Paris, quand se produit un étrange phénomène : toutes les feuilles des arbres tombent instantanément, avant qu’une onde de choc surpuissante ébranle la capitale. Attentat ? Séisme ? Explosion nucléaire ? À la suite d’un mouvement de panique sans précédent, et en l’absence d’informations, le président décide de confiner les habitants. Matt, Clem et leur fils de quatre ans se retrouvent prisonniers de leur immeuble en banlieue et tentent d’organiser le quotidien avec leurs voisins. Jusqu’à ce qu’une terrifiante épidémie gangrène la population…Entre solidarité, lâcheté et sacrifice, jusqu’où Matt et Clem iront-ils pour survivre et protéger leur fils ?
J’ai refermé Qu’un sang impur de Michaël Mention avec une seule certitude : ce livre est un coup de poing. Un uppercut narratif qui vous attrape dès la première page et ne vous lâche plus, même après la dernière. On pense connaître le genre, l’apocalypse, les zombies… et puis Michaël Mention arrive, avec son style affûté et sa vision glaciale de notre monde, pour tout dynamiter.Ce n’est pas un hasard si le titre fait écho à notre hymne national. Qu’un sang impur n’est pas qu’une phrase choc ; c’est le signal de l’implosion, la promesse d’une désintégration de tout ce qui fait société. Le récit commence de façon quasi banale : Matt, un jeune père de famille, savoure un moment de tranquillité à la terrasse d’un café. Puis, l’impensable se produit : un phénomène mystérieux frappe Paris, les feuilles tombent des arbres en un instant, une onde de choc sidérante. L’État, dans une atmosphère emplie d’incertitude, dans un réflexe de panique, confine la population. Mais ce n’est peut-être pas le chaos extérieur qui est le plus terrifiant, c’est celui qui va naître à l’intérieur.
Matt et sa famille – et leurs voisins – se retrouvent prisonniers de leur immeuble de banlieue. Le huis clos s’installe, l’attente se fait pesante. Et puis l’horreur se déploie. Non pas une invasion extraterrestre ou un cataclysme classique, mais quelque chose de bien plus insidieux et dérangeant : une épidémie qui va mettre à l’épreuve le peu de civilité qui subsiste entre les murs de cet immeuble.
Oubliez les super-héros et les survivants invincibles. Michaël Mention s’inspire certes des grands classiques du genre, mais il y injecte une dose de réalisme et de critique sociale qui rend son roman unique. Les personnages sont désespérément humains, avec leurs failles, leurs lâchetés et leurs élans de solidarité éphémères (on pense d’ailleurs inévitablement au confinement récent qui a révélé des facettes de personnalités…). Chacun tente de survivre, de protéger les siens, quitte à basculer dans une violence brute. La grande force de Michaël Mention, c’est de nous forcer à nous poser la question : et nous, à leur place, jusqu’où irions-nous ?
Derrière le suspense et la tension haletante, se cache une critique sociale d’une rare acuité. L’auteur décortique les fractures de notre société, la défiance envers les institutions, l’impact de la désinformation. Le « vivre ensemble », ce slogan si souvent galvaudé, se retrouve ici mis à rude épreuve et se fissure sous le poids de la peur et de l’instinct de survie. L’épidémie n’est finalement que le révélateur d’une société déjà malade, au bord du gouffre.
Michaël Mention écrit avec une efficacité redoutable. J’avais déjà apprécié son style avec ses Gentils. Ses phrases sont courtes, incisives, et créent une ambiance oppressante et immersive. Il n’y a pas de temps mort. Chaque chapitre est un pas de plus dans l’abîme, chaque page une source d’angoisse. Il parvient à créer une atmosphère de menace constante, où la survie est un combat de chaque instant, et où le plus grand danger n’est pas toujours celui que l’on croit.
Qu’un sang impur est plus qu’un simple roman de genre. C’est une réflexion brutale et honnête sur ce que nous sommes, sur les limites de notre humanité quand tout s’effondre. C’est un livre qui se dévore, mais qui, une fois terminé, continue de vous hanter.

