Roman policier / Thriller

Les Gentils de Michaël Mention

couv42365567Les Gentils

Auteur : Michaël Mention
352 p.
Belfond, 2023


résumé Franck, disquaire à Pigalle, avait tout : une femme formidable, une petite fille espiègle.

Et puis un jour de juin 1977, tout s’effondre lorsqu’un type braque une boulangerie de Belleville, dévalise la caisse et blesse mortellement la gamine.
Six mois plus tard, Franck, devenu l’ombre de lui-même, attend toujours des flics cette réponse qui ne vient pas : l’identité du salaud qui a tué sa fille. Alors, il se lance, se mue en enquêteur aux méthodes violentes, sadiques.

Une piste vers le Sud, à la recherche d’un toxicomane tatoué d’un symbole Anarchie sur l’épaule. Yannick. Pour le retrouver, Franck a chargé tout ce qui lui reste dans sa R5. Le fantôme de sa môme, à l’arrière, sur la banquette.

Mais sa course vengeresse ne va pas s’arrêter là. Les eaux bleues de la Méditerranée ne seront pas le théâtre de représailles salvatrices. Car Yannick est parti. Loin, en Guyane, là où vivent des hippies qui l’aideront à racheter sa conscience…

cequejenaipensé J’étais curieuse de découvrir l’univers de cet auteur dont j’entends souvent parler. et maintenant que c’est fait … je suis bien embêtée car j’ai du mal à dire si j’ai aimé ou pas ce roman…
J’ai trouvé l’ensemble de l’histoire intéressante à suivre : le combat d’un père pour venger sa fille. On ressent de l’empathie pour ce père en colère, en souffrance. J’ai aimé la dernière partie du livre qui s’inspire d’une histoire vraie à la fin des années 70. J’ai aimé l’écriture, l’ambiance, la personnalité du père. Mais… j’ai été déroutée par le cheminement… un peu « invraisemblable » qui amène ce père en désir de vengeance à… cette fin. « Invraisemblable » n’est même pas le vrai mot… peut-être plutôt « surprenant » puisque l’auteur arrive à rendre ça logique, crédible mais j’ai quand même eu en tête au long de ma lecture que les probabilités étaient si minces pour un tel résultat…
Franck est disquaire. Il avait une femme et une fille. Mais un jour, en juin 1977, sa vie s’est arrêtée. Sa fille est morte lors d’un braquage d’une boulangerie.
– Bonjour, monsieur.
Premier mot, premier affront. Non, c’est pas « un bon jour », connasse. Les bonnes journées, pour moi, c’est fini depuis le 28 juin, mais puisqu’on vit dans une société civilisée, je me plie à son rituel arriéré.
Quelques mois plus tard, Franck dépérit. Il est en colère contre la société, contre  la police qui n’a toujours pas trouvé le coupable, contre lui-même, contre tout le monde. Il est en colère, il est triste. Alors, il décide de tout plaquer et de partir à la recherche de cette ordure. Il n’est plus lui-même. La violence prend le dessus. Il est persuadé d’avoir trouvé l’identité du coupable : le voilà parti sur ces traces : Toulouse, Marseille… puis la Guyane. Cette chasse à l’homme va l’emmener loin géographie mais surtout loin en lui-même. Un dialogue intérieur pour accepter l’inacceptable.
En tant que disquaire, la musique devient le fidèle compagnon de Franck, musique omniprésente dans le roman, tout comme les nombreuses références à l’actualité économique et politique (entre autres) de la fin des années 70, histoire de bien comprendre l’ambiance et les tensions de l’époque.
Gainsbourg au firmament. Batterie métronome, synthé démoniaque, guitare aux accents fielleux, puis ces mots qqui claquent.
«Elle était entre deux macaques,
Du genre festival à Woodstock
Et semblait une guitare rock à deux jacks »
T’entends ça ? Il réinvente notre langue. Des siècles d’écrivains, de poètes et de philosophes fusionnés avec la rue, dans un groove sidérant. J’ai beau connaître l’album par cœur, je me fais avoir une fois de plus et m’enlise avec délice… bercé… envoûté… Transpercé par un vacarme tonitruant. Chaos de métal et de verre. La bagnole s’affaisse, grince effroyablement et je découvre un corps sur le capot.
Le rythme est incisif, il claque, les chapitres sont courts et s’enchaînent. On est pris dans le rythme, dans l’intrigue, dans la douleur et la folie de ce personnage en quête de réponse. La vengeance et la vérité en fil conducteur.
Et si le réalisme des émotions est perturbé par la façon dont il avance vers son but m’a un peu perturbée, je reste satisfaite de ma lecture et j’ai envie de découvrir d’autres titres de Michaël Mention.
— Vous avez du nouveau, oui ou non ?
— Pas encore.
Là, je me contiens. Je n’avais pas vraiment d’espoir – s’ils l’avaient retrouvé, on m’en aurait informé – mais j’y croyais tout de même un peu, comme les autres fois. Et j’ai eu tort, comme les autres fois. Si je ne lui saute pas à la gorge, si je ne lui éclate pas la gueule avec sa machine à écrire, c’est que je ne veux pas que tu me voies ainsi.
— Vous n’avez toujours aucune piste ? En six mois ?
— Monsieur…
— Vous arrivez à coffrer Mesrine, mais pas un p’tit braqueur de merde ?
— Je comprends votre colère, mais…
— « Colère » ? Non, c’est pas de la colère, c’est autre chose ! Quelque chose que vous ressentiriez si un fils de pute avait tué votre enfant !!!
en bref Un roman noir surprenant mais prenant.
 

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