Le Verger de marbre
titre original : The Marble Orchard
Auteur :Alex Taylor
trad. de l’américain par Anatole Pons
271 p.
Gallmeister, 2016
Beam Sheetmire, dix-sept ans, vient de tuer l’homme qui l’avait agressé. Il n’y a plus qu’à se débarrasser du corps sur les berges de cette rivière du Kentucky. Vu les circonstances, Beam devrait s’en tirer dans histoires. Mais il découvre que la victime est le fils du caïd local, Loat Duncan, à la fois puissant trafiquant et redoutable meurtrier. La décision de son père est sans appel : Beam doit fuir, et sur-le-champ. S’engage alors un diabolique jeu du chat et de la souris où chaque mouvement n’est qu’un pas de plus vers l’enfer.
Beam y croyait à présent.
Debout dans l’ombre brûlante du sycomore qui se répandait sur l’herbe épaisse battue par le vent, il observait les table de pique-nique alignées avec leurs nappes blanches chargées de plats et de cocottes – œufs mimosa, viandes en sauce, corbeilles de petits pains et tranches de pains de maïs, bols de soupe de haricots, poisson grillé et dinde grillée et filets de cerf grillé, l’enfilade de tables remontant la pente légère pour disparaître dans le vieux grenier à tabac, sans toit et désaffecté depuis des dizaines d’années, avant de ressortir par la porte de derrière, le buffet tout entier envahi par une nuée de moucherons et de mouches noires, poussière frénétique dans la brume pâle du ciel – et il croyait à présent les rumeurs qu’il avait entendues pendant des années sans leur apporter de crédit : qu’il n’était pas un Sheetmire parce qu’un autre sang fiévreux rugissait dans ses veines.

Nouveauté de la rentrée littéraire chez Gallmeister, le premier roman d’Alex Taylor est un roman très sombre, glauque, violent et tourmenté.
Le Verger de marbre retrace l’histoire de Beam Sheetmire, ado de 17 ans, discret, qui ne se sent pas à sa place dans sa communauté. Alors qu’un soir il bosse sur le bateau de son père, un étranger débarque pour faire une traversé. Cet homme semble en savoir beaucoup mais ne dit pas tout… La rencontre tourne mal, et dans un geste accidentel, l’homme meurt. Beam désemparé appelle son père qui l’enjoint de fuir au plus vite. Mais à 17 ans, il ne sait pas où aller. Il se sent impuissant face à ce monde qu’il ne connaît pas. Et les rencontres qu’il va faire sont loin d’être les meilleures.
Car dans sa fuite il va devoir faire face à Loat Duncan. Une véritable chasse à l’homme sans pitié s’engage. Et un mystérieux routier en costard s’invite sur le terrain de jeu.
Alex Taylor aborde le côté sombre du fin fond de l’Amérique. L’histoire d’hommes et de femmes désabusés par la vie, des laissés-pour-compte de la société. Une histoire vieille de vingt ans, ressassée, mal digérée qui ressort là dans une vengeance violente et sans merci.
L’auteur nous raconte cette histoire où la passé ressurgit durement dans le présent avec un style acéré, dur, cru. Il choisit ses mots avec précision pour donner de l’effet et de l’emphase à son récit et à l’ambiance créée. Une fois commencée la lecture de ce roman, le lecteur se retrouve dans le lieu même de l’action. Les descriptions réalistes de l’auteur défilent devant nos yeux et le lecteur devient spectateur, entre action et moments plus paisibles (histoire de digérer un peu les informations).
J’aime beaucoup cette collection des éditions Gallmeister. Ce titre me plait bien.
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