Sarbacane, 2017 (Exprim’)

Un jour de 1919, dans la ville coréenne de Sinuiju, il se produisit un événement extraordinaire. Le jeune Hyo-dong, douze ans, déclara à son petit frère, Kee-chung : Aujourd’hui, on ne va pas à l’école.

Il nous conte avec justesse de l’histoire vraie du premier coréen à avoir remporté le marathon aux JO en 1936… mais sous les couleurs du Japon : Sohn Kee-Chung. Nous le suivrons au fil de sa vie, de sa jeunesse aux derniers moments forts de sa vie. Nous vivrons sa détermination à courir, à vivre, à survivre, et à faire entendre la voix des coréens.
En 1919, alors que le Japon a annexé la Corée, le peuple coréen tente de se rebeller en retirant les enfants des écoles mais le Japon, fin stratège, sait comment les menacer pour obtenir ce qu’il veut. Le frère de Sohn Kee-Chung sera envoyé en prison pour avoir osé dire tout haut ce qu’il pensait tout bas. Dès lors, le jeune homme se met à courir pour fuir les balles japonaises, pour aider ses parents… et lui qui était toujours lent prend goût à la course. il ne fait plus qu’un avec. Il s’entraînera chaque jour, seconder et conseiller par son instituteur… et finira par être repéré par les Japonais. Ces derniers l’emmèneront au Japon, lui rebaptiseront Kiteï Son et feront de lui un athlète japonais. Pour Kee-Chung, il ne voit là qu’un moyen pour parvenir à son rêve : montrer au monde que la Corée existe encore. Et sa course et sa détermination l’amèneront aux JO de Berlin en 1936…
François-Guillaume Lorrain m’a permis de découvrir un pan de l’histoire sportive mais également de l’histoire. Je me suis laissée porter par ce récit plein de fougue, de détermination et de courage. J’ai beaucoup d’admiration pour ce héros qui malgré les embûches a réussi à livrer son message… même si la reconnaissance a été très/trop tardive. Le Garçon qui courait est loin d’une biographie classique, souvent rébarbative. Ici l’auteur romance l’histoire de ce personnage. Il lui insuffle des envies, des émotions, une respiration. Les images défilent sous les yeux du lecteur : on court à ses côtés (notamment dans le marathon), on souffre avec lui, on espère avec lui, on tremble pour lui. J’ai apprécié la construction du roman en trois temps qui permettent d’avancer dans le temps et mettre en exergue les temps forts de sa vie : son enfance et la découverte de la course, ses courses aux couleurs du Japon, les suites de sa victoire aux JO et les conséquences.
Dans la plume de François-Guillaume Lorrain, on ressent toute son admiration pour le combat de cet homme et il le transmet à son lectorat.

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