Les Filles déchues de Wakewater
titre original : Bodies of water
Auteur : V.H. Leslie
trad. de l’anglais par Mélanie Trapateau
144 p.

Londres, de nos jours. Délaissé pendant des années, Wakewater a été transformé en immeuble dernier cri. C’est ici que s’installe Kirsten, à la suite d’une rupture. Elle espère y trouver la paix, grâce au calme réparateur de la Tamise. Au fil des jours, la jeune femme devient de plus en plus obsédée par les secrets que recèle l’ancien sanatorium. Et si les noyées de Wakewater n’avaient pas dit leur dernier mot?
Elle avait besoin d’être près de l’eau.
Cette constatation l’avait frappée avec une certaine violence alors qu’elle se tenait dans l’un des appartements en cours de rénovation de ce qui allait devenir le complexe Wakewater, une fois les travaux de remise à neuf et de modernisation terminés.

Dans ce court texte, l’auteure anglaise nous embarque dans un roman sombre et angoissant. Elle nous présente deux femmes à deux époques différentes, mais dans un même lieu.
La première Evelyn vit dans les années 1850. Sous prescription médicale, elle entre pour un court séjour dans une cure thermale, Wakewater, situé au bord de la Tamise. Ce lieu est censé traiter tous les maux féminins, qu’ils soient psychologiques ou physiques. L’ambiance paraît dans un premier temps sereine et agréable. Mais Evelyn ne s’y épanouit pas. L’auteur dévoilera au fur et à mesure des chapitres qui lui sont consacrés le pourquoi de son « internement » dans ce lieu, son mal-être.
150 ans plus tard, nous faisons la connaissance de Kirsten, qui vient d’acquérir un logement fraîchement rénové dans le complexe Wakewater, celui-là même qui était un sanatorium un demi siècle plus tôt. Kirsten est fraîchement séparé de son mari. On ressent en un elle un besoin de solitude, un besoin de renaissance. Elle est comme attirée par ce lieu, mais surtout par la Tamise. Autour d’elle, des événements surnaturels ont lieu. Elle aperçoit une femme aux cheveux humides comme hypnotisée par le fleuve. Plus tard, des infiltrations d’eau apparaissent dans sa chambre, puis disparaissent comme s’il n’y avait rien eu. Les incidents se répètent. Le lieu devient de plus en plus angoissant, inquiétant.
Les deux portraits s’entrecroisent, se répondent, se lient. Ce roman est court mais dense. En 140 pages, l’auteure a su apporter beaucoup d’émotions et j’avoue avoir reposé mon livre un soir pour ne pas faire de cauchemar ! (oui je suis une âme sensible;) ). Le texte est riche, habilement construit et donc très efficace vis à vis de l’interaction émotionnelle avec le lecteur. On vit au plus près les émotions des deux héroïnes, on ressent les drames latents.
L’ambiance, l’intrigue, le champ lexical… tout tourne autour de l’eau. Une eau omniprésente, enveloppante, obsédante…

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