Roman

Le Mal des ardents de Frédéric Aribit

Le Mal des ardents

Auteur : Frédéric Aribit

246 p.
Belfond, 2017

 

résumé On ne rencontre pas l’art personnifié tous les jours.
Elle est violoncelliste, elle dessine, elle peint, fait de la photo. Elle s’appelle Lou. Lorsqu’il tombe sur elle, par hasard, à Paris, c’est sa vie entière de prof de lettres désenchanté qui bascule et, subjugué par ses errances, ses fulgurances, il se lance à la poursuite de ce qu’elle incarne, comme une incandescence portée à ses limites.
Mais le merveilleux devient étrange, et l’étrange inquiétant : Lou ne dort plus, se gratte beaucoup, semble en proie à de brusques accès de folie qui deviennent dangereux. Un soir, prise de convulsions terribles, elle est conduite à l’hôpital où elle plonge dans un incompréhensible coma. Le diagnostic, sidérant, mène à la boulangerie où elle achète son pain.
Quel est donc ce mystérieux « mal des ardents » qu’on croyait disparu ? Quel est ce « feu sacré » qui consume l’être dans une urgence absolue ?
Il va l’apprendre par contagion. Apprendre enfin, grâce à Lou, ce qu’est cette fièvre qui ne cesse de brûler, et qui s’appelle l’art.

çacommencepar Elle était Lou, petite syllabe de feu qui se consuma dans l’embrasement de ma vie.
Elle était Lou, Lou l’incident, Lou l’incendie de chair fraîche, Lou allumette et brindille,…

cequejenaipensé Une rencontre improbable… Une rencontre folle… Une rencontre différente qui va tout changer…
Le narrateur, enseignant, a une vie bien cadrée entre son métier, ses moments avec sa fille et ceux avec sa maîtresse. Mais un jour, il va rencontrer une femme pétillante, un peu folle,  dans le métro. Elle le regarde, l’embrasse… comme ça, sans raison. Ce moment fugace va l’obséder jusqu’à la revoir quelques heures plus tard.
Je l’ai reconnue immédiatement. Bras écartés, sa silhouette d’ombre crucifiée par le vent, c’était elle.
La fille du métro.
Une nouvelle fois, la fraîcheur et la spontanéité du moment le surprend mais il suit le mouvement. Commence alors une relation entre Lou et lui. Une relation intime, brûlante, vivifiante. Lou est violoncelliste, peint, dessine. Une artiste complète. Elle a coutume de vivre pleinement. Elle aime s’exprimer, elle aime l’art… Dans la première partie du roman, une fois que le lecteur a fait connaissance avec ces deux-là, on se prend dans cette relation tourbillonnante, foisonnante et énergique. On suit le mouvement un peu comme notre narrateur anonyme, ce qui nous implique d’autant plus dans ce récit, comme si nous faisions partie intégrante de l’histoire. On prend le train en marche, on vit le moment présent, on ressent cette énergie, la folie latente… Et puis, tout bascule. Lou est prise d’hallucinations, de crises d’hystérie, tombe dans le coma… Quel mal la ronge ainsi ?
C’est là que la seconde partie du roman commence. Un nouveau rythme, une nouvelle tension, un autre type de narration. Le narrateur (l’auteur?) part en quête pour tenter de comprendre ce mal qui ronge son amie. Le médecin lui donne un nom, l’ergotisme ou le « mal des ardents » , lui nous livrera son Histoire. Une maladie qui provient d’un champignon présent sur les céréales (l’ergot du seigle) mais qui fut longtemps associée à la religion. Le narrateur nous résume ses recherches, ses découvertes, ses analyses mais sans être trop didactiques ni ennuyeux. Cette seconde partie est différente mais très intéressante. Le récit reste agréable à lire et fluide car les références culturelles et historiques y sont mêlées intelligemment et avec talent. J’y ai appris beaucoup sur ce fléau que je ne connaissais pas et sur ses conséquences dans l’Histoire plus ou moins récente et les liens avec la religion notamment avec Saint Augustin. Le narrateur y trouvera beaucoup de référence dans le monde de l’Art, thème important dans ce roman. D’ailleurs, à l’évocation des différents tableaux cités par le narrateur représentant Saint Augustin notamment, j’allais sur Internet pour y retrouver les représentations pour être plus encore immergées dans ces explications.
Il est très difficile de mettre des mots quant au style de l’auteur. A la fois poétique, imagé, descriptif, narratif, familier. Ce roman est riche par son écriture et par le message, l’histoire qu’il transmet.
Comment en est on arrivé là ? Comment autant de culture et si peu d’art ? Autant de culture et de connerie en même temps?
 
12992811_10209213650040435_505270499_n Un roman plein de passion et de réflexion. Une écriture magnifique.

3 réflexions sur “Le Mal des ardents de Frédéric Aribit

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