Un couple visite un appartement avec un petit jardin, en vue d’une future acquisition. Madame semble sous le charme de cet appartement atypique et pleins de potentiel. Lui ne voit que le capharnaüm de l’intérieur et ce jardin redevenu sauvage. Que sait-il passé? Flash back…
Martin vient de perdre sa compagne, Gabrielle, tragiquement. Si les parents deviennent les propriétaires de l’appartement, lui en garde l’usufruit. Il redécouvre alors cet appartement par les yeux de l’homme qu’il est devenu : malheureux, dépressif… Il n’arrive pas à accepter cette perte. Il n’était pas prêt. C’était trop tôt. Ils avaient l’avenir devant eux… Alors il va redécouvrir son Amour à travers les gestes qu’elle accomplissait chaque jour. Laissant les objets où elle les avait laissé. Tentant de réapprendre à la connaître ou plutôt à la redécouvrir à travers deux passions qu’ils ne partageaient pas du tout : la lecture et le jardin.
Ce roman c’est l’histoire du deuil, du réapprentissage d’un quotidien sans l’être aimé. Chaque deuil est différent. Chaque deuil est vécu différemment. Gabrielle ou le jardin retrouvé… c’est l’histoire du deuil de Martin. Un deuil qui va révéler autant voire plus sur celui qui reste que sur celui qui part. Cette perte pour Martin est un choc, une révélation sur la puissance de son amour pour elle. Une douleur qui va le faire sombrer vers la folie.
Il fera tout pour rester dans cet appartement, pour continuer à faire vivre Gabrielle. On ne ressent jamais de la pitié pour lui mais plutôt de la compassion. Il nous fait partager sa douleur qui forcément fait écho avec une situation que le lecteur aura connu.
Ce roman est d’une beauté bouleversante. J’ai rarement ressenti ce genre d’émotion lors de mes lectures. L’auteur construit son récit en trois temps : après (avec les futurs acquéreurs), avant (la période de deuil), et quinze ans plus tard (qui fait le lien entre la première partie et la seconde). Les chapitres sont courts, délicats, pleins de poésie et de tendresse pour ce personnage en souffrance. La passion de la lecture de Gabrielle ressort entre les pages par de nombreuses références littéraires, des citations. Tout comme sa passion pour les plantes avec une profusion de noms de plantes, d’astuces… mais sans jamais être dans le trop, sans jamais être pompeux. Stéphane Jougla réussit l’équilibre parfait entre passion et poésie du moment. Le jardin se dessine sous nos yeux. On a l’impression de se promener à travers les mots comme on se promènerait à travers les dédales de ce jardin paysager appelant à la flânerie.