Sarbacane, 2017 (Exprim’)

– Ca m’étonnerait beaucoup que t’es ma mère, déclare Jamie.
– Pourquoi ?
– Une mère a pas le temps de se balader. Elle travaille.
– Qu’est-ce que t’en sais ? T’en connais beaucoup, des mères ?
– Tu vois, ça, une mère le dirait pas.
– Moi aussi je travaille. Là, je suis en vacances.
– Et tu fais quoi comme travail ?
– Actrice. »
Gloria June avait démarré dans la vie avec un handicap.
Un handicap sournois parce qu’il ne se voyait pas de l’extérieur.
Vu de l’extérieur, tout allait pour le mieux. Les chromosomes de ses géniteurs, s’unissant pour le pire, avaient produit le meilleur : une ravissante petite fille équipée de tout le nécessaire pour réussir sa vie.
Martine Pouchain chez Sarbacane c’est Zelda la rouge. C’est Traverser la nuit. C’est aussi le seul et unique Dylan Dubois. Elle est de retour dans la collection Exprim’ avec un nouveau roman : Gloria.
Une nouvelle fois, elle sait ébranler notre petit confort de lecteur. Et avec un personnage comme Gloria il ne pouvait en être autrement. Gloria c’est une fille qui n’a pas eu de chance dès sa naissance. Elle est pas tombée dans la bonne famille. Pas dans le bon nid. Pas de foyer doux et aimant pour cette jeune fille. Au lycée, elle commence un cours de théâtre. Et là c’est la révélation. Elle tombe amoureuse du prof et du théâtre. Elle va tout faire pour devenir actrice. Ce qu’elle n’avait pas prévu c’était de tomber enceinte.
A 17 ans.
Un départ de roman « classique ». On imagine une suite peu glorieuse pour Gloria. Une vie chaotique. Et on est loin du compte.
Comme beaucoup d’acteurs en herbe, elle se retrouve dans la capitale du cinéma : Los Angeles. Des étoiles pleins les yeux, des ambitions pleins la tête. Gloria semble destinée à avoir la même vie que des milliers d’acteurs débutants. Mais c’est là qu’intervient l’imagination fertile de Martine Pouchain. Parce que sa Gloria est unique. Elle est de ses personnages que l’on peut trouver d’un premier abord pathétique, mais qui se révèle être atypique, attachante, qui provoque un trouble chez le lecteur qui fait sa connaissance. Elle a une façon bien elle de foncer dans la vie, de provoquer ses rêves. Même si la vie se rappelle souvent durement à elle, elle continue de foncer. Encore et toujours.
Dans ce roman, on suit son évolution sur plusieurs années. On la voit grandir difficilement, mûrir par la force des choses. Commettre des erreurs. Rencontrer toute un éventail de personnages qui marquera à leur façon sa vie. On assiste à sa façon de décider de mener sa vie, que l’on approuve ou non. Elle assume ses choix : chacun a droit à sa part de bonheur et peut-être elle plus que d’autres.
Un roman qui donne une vision unique de l’âme humaine, qui donne sa propre définition du bonheur par le personnage singulier qu’est Gloria.
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