
Mais l’univers et les certitudes de Lucile s’effondrent lorsque Elsa et Emmanuel sont chassés et que ses parents lui annoncent la naissance prochaine d’un frère ou d’une sœur. Désormais, cet enfant sera pour elle « le monstre ».
Approche, Brindille.
Ne reste pas tout au fond de la pièce comme si tu voulais disparaître avec les ombres. Tu sais bien, mes yeux n’apprécient pas l’obscurité et j’aime te sentir papillonner près de moi.
Lucile décide de se raconter à sa petite fille. Elle qui sautille tout le temps, qui lui ressemble tant. Lucile vient de recevoir un courrier d’Anna, un courrier qui fait remonter le passé à la surface. Et elle a besoin de raconter, de se raconter, de la raconter, sa version de l’histoire. Un récit emprunt d’amour, de culpabilité.
Au début des années 1930, Lucile vit avec ses parents dans le Sud-Est de la France. Elle est espiègle, respire la joie de vivre. Sa famille se lie d’amitié avec un couple d’étranger, Elsa et Emmanuel. Le couple s’installe dans la ferme familial et travaille dur. Lucile s’attache énormément à Elsa qui lui apprend à lire. Une véritable complicité lie les deux familles. Mais le bonheur est de courte durée. Le Mal approche. La Guerre gronde. Les hommes sont mobilisés. Les juifs sont montrés du doigt… Et le pire arrive, pour Lucile, quand elle apprend qu’elle va être grande sœur. Ce « monstre » va perturber sa bulle de bonheur. Elle ne veut pas de lui.
Nicolas Michel nous offre un récit tendre, d’un premier abord insouciant. En choisissant de raconter cette histoire par un personnage enfant au moment des faits, il donne un côté candide à son récit. L’enfant est innocent et curieux. Il ne comprend pas le monde des adultes, tire des conclusions de qu’il entend murmurer autour de lui. Des conclusions souvent erronées, transformées par sa propre vision du monde qui l’entoure. Lucile incarne parfaitement cette innocence. Évidemment, c’est l’adulte qui raconte et qui sait maintenant ce qui se cachait derrière les silences, les regards, les réflexions des grands. Mais elle livre un récit sincère et émouvant. Le lecteur comprend assez vite les tensions, les réactions des adultes.
Le récit tient toute sa force par ce regard proposé par ce personnage principal. Les mots sont à la fois poétiques et puissants quand on connaît l’envers du décors. L’auteur arrive à dresser le portrait d’une époque troublée avec des personnages réalises et attachants.
Un roman sur la Seconde Guerre Mondiale vu par les yeux d’un enfant.
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