Grace et Tippi. Tippi et Grace. Deux sœurs siamoises, deux ados inséparables, entrent au lycée pour la première fois. Comme toujours, elles se soutiennent face à l’intolérance, la peur, la pitié. Et, envers et contre tout, elles vivent ! Mais lorsque Grace tombe amoureuse, son monde vacille. Pourra-t-elle jamais avoir une vie qui n’appartienne qu’à elle ?

Nous
Voilà.

Et vivantes.

Extraordinaire, n’est-ce pas ?

D’arriver
à vivre
comme ça.

 Voilà un livre que j’ai vu passer sur pas mal de blog. La couverture ainsi que le fait que la traductrice soir Clémentine Beauvais me donnait très envie de le lire. Mais je ne savais pas du tout du tout à quoi m’attendre. J’aime de plus en plus ouvrir un livre sans avoir jeté un œil au résumé de la quatrième de couverture. J’aime me laisser surprendre par le récit. Faire confiance aux mots de l’auteur.

C’est ainsi qu’en ouvrant le livre, j’ai découvert un texte à la mise en page originale, aérée. J’ai commencé à lire, à faire la connaissance des « inséparables », Grace et Tippi. Les deux sœurs qui angoissent à l’idée de faire leur rentrée au lycée. C’est une première pour elles qui ont toujours fait leur scolarité à la maison. Elles ont peur d’être observées, d’être moquées. Pourquoi? Grace et Tippi sont des sœurs siamoises. Chacune a sa personnalité mais elles partagent la moitié de leurs corps et quelques organes. Depuis leur naissance, elles « subissent » des examens, des observations, des analyses. mais tout ça coûtent extrêmement cher. La vie de famille est difficile aussi. Leur sœur souffre du manque d’attention même si elle ne le dit pas à voix haute. Grace et Tippi sont terriblement consciente du poids de leur handicap sur leur vie de famille et sur leur vie au quotidien. Alors cette rentrée est une véritable révolution pour toutes les deux. Angoisse et excitation se conjuguent ensemble pour les deux sœurs.

Sarah Crossan nous raconte leur histoire avec beaucoup d’émotions et de tendresse pour ses deux jeunes filles uniques. Elle met des mots sur leurs peurs, leurs doutes, leurs désirs, leurs différences, leur estime de soi, leur rage de vivre, sur leurs difficultés, sur leur avenir. Ce roman se lit tout seul (ou presque!). La poésie des mots et de la mise en page en fait une lecture assez hypnotique.

L’autrice soulève beaucoup de question dans ce roman notamment sur le handicap et son acceptation dans la société, le regard que l’on peut porter sur autrui. Le jugement avant la connaissance.

Certains passages font qu’on oubli qu’elles partagent le même corps. Elles ont chacune leur fragilité, leur personnalité. Mais la réalité nous rattrape. Après les sourires, et les moments de bonheur, le doute s’insinue.  La gorge se noue. Les larmes montent. Les émotions sont à fleur de peau. Les dernières pages sont intenses.

Pour écrire ce roman, l’autrice a effectué beaucoup de recherches historiques et médicales et s’est inspirée de la vie de vraies sœurs siamoises. Elle en a fait une œuvre de fiction réaliste, sans jugement, humaine.

Un récit doux, sensible, plein de vie. Une belle leçon de vie.