Et le mal viendra
Auteurs : Jérôme Camut et Nathalie Hug
558 p.
Fleuve, 2019 (Noir)
« On vous a alertés sur la préciosité de l’eau,
Vous n’avez pas voulu voir.
Alors on vous a assoiffés, et vous vous êtes entretués.
Va-t-il falloir que l’on entasse six mille cadavres d’enfants
devant vos portes pour que vous réagissiez enfin ? »
Julian Stark n’a jamais perdu l’espoir de retrouver sa fille, Charlie, tombée sous la coupe de Morgan Scali, le plus grand criminel de tous les temps.
Il a consacré sa vie à traquer cet homme capable de tuer des milliers de personnes au nom de son idéal.
Le jour où il apprend qu’on l’a enfin localisée, Julian croit que l’aventure touche à sa fin.
Mais il est loin d’imaginer ce qui l’attend.

Note des auteurs
Et le mal viendra et Islanova sont deux romans, deux facettes d’une grande histoire, que nous avons conçus, non comme les tomes d’une série, mais bien comme des ouvrages indépendants se complétant l’un l’autre. Évidemment, l’expérience de lecture sera différente en fonction de l’ordre choisi.
Une suite ? Un préquel ? à Islanova? Ce roman est un peu les deux. Ils complètent notre lecture du roman paru en octobre 2017. Mais si vous n’avez pas lu Islanova, vous n’aurez pas moins de plaisir à lire ce nouvel opus. Chacun de ces deux ouvrages présentent une facette de l’histoire. Ainsi, pouvons nous les lire dans l’ordre, dans le désordre, ou un seul des deux (mais ça c’est difficile! Car c’est tellement bien écrit qu’on a envie de lire les deux!!). Les histoires se complètent, raisonnent l’une vers l’autre.
Une nouvelle fois, la lecture a été intense tant au niveau des émotions vécues, que par l’intrigue en elle-même.
Et le mal viendra se passe dans une fourchette chronologique allant de 2016 à 2028, entre la République démocratique du Congo et la France. Suite aux attentats du Bataclan, Morgan Scali a fui la douleur avec ses enfants vers le Congo. Là, il a trouvé une forme de paix, auprès de la nature, un nouveau départ. Mais la douleur et la rancœur qu’il nourrit depuis les attentats vont être ravivés et vont déclencher son envie d’intervenir pour changer les choses.
Comme le silverback demeurait immobile, Morgan leva les yeux tout en évitant de croiser son regard. Face à cette montagne de muscles, il eut le sentiment de se trouver devant un dieu païen, et cela le bouleversa.
— Ne bouge pas, souffla le Ranger, alors que le gorille levait lentement la main vers lui.
Le cœur sur le point d’exploser, Morgan ferma les yeux, puis les rouvrit quand il sentit les doigts de l’animal envoyer valdinguer sa casquette. Pendant quelques secondes, le silverback lui trifouilla les cheveux sans vergogne, comme s’il voulait l’épouiller. Puis, aussi brusquement qu’il s’était approché, il retourna s’installer parmi les siens, pour achever son repas.
— Les alphas ne touchent jamais les hommes. Ndeze, encore moins que les autres. Tes cheveux blancs ont dû l’étonner.
Dans le futur proche, Julian Stark enquête pour retrouver Scali et sa fille suite aux événements d’Islanova. Sa fille qui a été embrigadé et qui semble être désormais à la tête de ce réseaux de terroristes.
En passant d’un personnage à l’autre, d’une époque à une autre (avant, pendant et après Islanova), Nathalie Hug et Jérôme Camut développent la psychologie et l’origine de leurs personnages, de leurs réactions. En ayant lu Islanova, on comprend ce qui a amené à ces événements. Sans avoir lu Islanova, on est plus dans une quête psychologique, comprendre les mécanismes de chacun (et on aura envie de savoir tout ce qui a pu se passer là-bas, en plus de ce qui est quand même évoqué ici).
L’humanité est une espèce aveugle qui fait la fête dans un train roulant de plus en plus vite vers un précipice .
On est ici dans un thriller un peu atypique par sa forme mais qui répond au code du genre en ce qui concerne la tension présente dans l’intrigue : action, rebondissements, émotions… C’est un thriller moderne, visionnaire qui aborde des thèmes d’actualité brulante : la guerre de l’eau, et ses conséquences écologiques et humaines, l’embrigadement, le terrorisme, les dérives des progrès numériques. Et comme les Camhug nous offre un roman choral, il est difficile de trancher entre ce qui est bien ou mal, d’apporter un jugement sur un combat important et sur la façon d’intervenir.
Et le mal viendra, non par celui qui utilisera la violence, mais par ceux dont l’obstination à nier les droits de l’homme l’auront obligé à en user pour les défendre. C’est de cela qu’il s’agit depuis l’origine.Traiter tous les humains en frères, respecter la Terre pour que les générations suivantes s’y épanouissent. Simplement de cela .Nous ne l’avons pas fait ensemble. Alors oui, aujourd’hui, le mal arrive.
