La Vie dont nous rêvions
titre original : You were made for this
Autrice : Michelle Sacks
trad. de l’anglais (Afrique du Sud) par Romain Guillou
326 p.
Belfond, 2019

Sam, en homme viril et fidèle qui assure le confort et la protection des siens.
Merry, en tendre épouse qui s’adonne à ses nouveaux devoirs de mère au foyer.
Le tableau idéal : au cœur de la nature, l’homme, la femme, l’enfant.
Mais aussi Francesca, la meilleure amie de toujours, venue leur rendre visite.
Francesca, la citadine, la sublime, la femme libre.
Francesca, qui ne se sent chez elle nulle part, qui n’a jamais été choisie par un homme, et qui a de très vieux comptes à régler…
Vous nous verriez, je pense que vous nous détesteriez. On dirait les acteurs d’une publicité pour une compagnie d’assurances, dégoulinants de bonheur. La petite famille idéale et sa petite vie parfaite.

J’ai essuyé le miroir et ouvert les fenêtres pour chasser l’odeur de vinaigre. Dans la cuisine, j’ai déplacé le lave-vaisselle et nettoyé la saleté accumulée contre le mur. J’ai décapé le four graisseux, grimpé sur un escabeau pour nettoyer le dessus du réfrigérateur. Quelquefois, j’aime bien tracer un message dans la poussière. Ce matin, sans raison particulière, j’ai écrit AU SECOURS.
Évidement il y a un « mais » sinon aucun intérêt à lire ce roman! Dès le second chapitre fini, j’ai senti poindre un malaise, quelque chose de malsain était en train de se passer sous mes yeux. Cette famille n’est pas si idyllique que sur le papier !
Les chapitres se succèdent, alternent les points de vue des deux parents. On s’approche au plus près de leur vie intime, on les observe… et la malaise ressentit quelques pages plus tôt se confirme à l’arrivée de Franck, la meilleure amie de Merry. Cette famille cache de biens étranges habitudes. Les manipulations, les secrets, les révélations vont se succéder. Le lecteur se retrouve enchaîner au texte, envoûter par ce qu’il découvre en s’enfonçant plus en avant dans ce récit.
Vous vous souvenez des livres Où est Charlie ?, et comme il était difficile de repérer Charlie dans les illustrations surchargées. Et puis, une fois que vous l’aviez vu, vous étiez capable de le retrouver partout. À la plage, au zoo, dans les rues de Paris, il vous sautait aux yeux, le premier visage à se détacher dans la foule. C’est la même chose avec Merry. À présent, c’est flagrant. Elle ne peut plus me cacher son jeu.
Les chapitres sont courts et le style de Michelle Sacks, dont c’est ici le premier opus, est très efficace, captivante et hypnotique. Chaque personnage révèle peu à peu une facette sombre. Quand le drame se produit, le lecteur n’est pas forcément surpris. Mais qui est le coupable, le doute s’immisce et on soupçonne tour à tour les personnages. C’est machiavélique et les personnages de l’autrice sont psychologiquement géniaux! JE ne peux malheureusement pas trop en dire ici sur les protagonistes sous peine de vous en dévoiler trop sur l’intrigue qu’il faut absolument découvrir sans a priori…
J’ai été déstabilisé par ce que j’ai pu ressentir au cours de ma lecture. Un peu de dégoût, de la fascination, le besoin d’aller plus loin.
J’ai été déstabilisé par ce que j’ai pu ressentir au cours de ma lecture. Un peu de dégoût, de la fascination, le besoin d’aller plus loin.
