Toutes ces choses qu’on n’a jamais faites
Titre original : Good Luck With That
Auteur : Kristan Higgins
traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Alexandra Herscovici-Schiller
524 p.
Avant de mourir, la jeune Emerson, obèse morbide gravement malade, remet une enveloppe à ses deux meilleures amies Marley et Georgia, 34 ans, et leur fait promettre de suivre ses instructions. Elles découvrent qu’il s’agit de « La liste de choses à faire quand elles seraient minces », rédigée à 18 ans au camp d’amaigrissement où elles avaient formé leur trio. Décidées à relever le défi lancé par leur défunte amie, les deux jeunes femmes vont devoir apprendre à surmonter leurs peurs et leurs complexes. Marley parviendra-t-elle à se délester de la culpabilité qui la ronge depuis la mort de sa sœur jumelle ? Georgia saura-t-elle trouver les ressources pour s’opposer à sa famille qui ne cesse de la rabaisser ? Munies de leur to-do list, elles sont prêtes à tout oser !
Pour une fois, personne ne pensait à son prochain repas.
Vues d’en haut, elles étaient tout simplement trois adolescentes qui barbotaient et s’éclaboussaient en riant près d’une barque dérivant paresseusement, au beau milieu d’un lac limpide. Une blonde et deux brunes, dont l’une aux cheveux d’ébène. Leurs voix s’élevaient et retombaient.
Cela faisait un bon moment que je ne m’étais pas plongé dans un roman de Kristan Higgins et pourtant j’aime beaucoup ce qu’elle propose en général.
Son nouveau roman, Toutes ces choses qu’on n’a jamais faites, est sans doute le moins léger des écrits de l’autrice que j’ai pu lire. Les deux héroïnes, Marley et Georgia, inséparables depuis l’adolescence, assistent aux derniers instants du troisième larron de leur bande, Emerson. Cette dernière habitait loin d’elles et elles ne l’avaient pas vu depuis trop longtemps. Cette perte est un véritable coup de massue pour les deux amies. Incompréhension, culpabilité, remise en question, point sur leur vie… Beaucoup de choses vont se bousculer en elles! Sur son lit d’hôpital, Emerson leur a confié une liste qu’elles avaient établi ensemble lors du camp d’été qu’elles avaient passé ensemble : une liste de choses à faire quand elles seraient minces.
Cette liste a seize ans. Mais leurs complexes sont toujours là. Leurs kilos aussi.Et même si elles sont devenues adultes elles ont toujours un regard très critiques envers elle-même.
L’intrigue est rythmée par les voix des 3 amies. Emerson par son journal intime où elle évoque son combat contre l’obésité morbide. Elle s’adresse à son Autre elle. Un « elle » mince, belle, intelligente, merveilleuse, qui est parfaite. Tout son contraire (d’après elle). Même si on ne l’a connaît pas encore, on ne peut s’empêcher d’avoir la gorge serrée quand Marley et Georgia arrivent à son chevet, sensation qui se perpétuera à chaque lecture consacrée à son journal.
On découvre une Emerson fragile, brisée, qui a malgré tout ça était heureuse mais qui a su faire preuve d’esprit d’analyse sur sa vie, sur le pourquoi du comment.
N’était-ce pas cela, l’amour ? Le bonheur d’être ensemble ? De ne pas avoir besoin de convaincre ni de faire semblant… de pouvoir se contenter d’être soi-même.
Le récit s’attardera plus sur Georgia et Marley. Même si elles se pensaient épanouies, elles en sont loin et le comprennent grâce à cette fameuse liste qui va mettre les choses en perspective.
Ce roman est une ode à l’amitié mais surtout un beau message pour le dépassement de soi et de l’acceptation de soi. On a tous des complexes quelque soit notre poids, notre « beauté ». On est dans une société qui passe par le jugement de l’autre (bien malheureusement on est d’accord). Et ce jugement perpétuel peut avoir des conséquences néfastes. Ce roman au delà de du récit nous fait réfléchir sur tout ça. Ces filles m’ont touchée profondément. Leurs complexes, je les partage pour une bonne part. Leur obsession pour le poids, les méchancetés qu’elles peuvent penser sur elle-même, leur incapacité de s’ouvrir aux autres, leur capacité à se fondre dans la masse pour paraître heureuse, leur laisser-aller…
Oui, je portais un pantalon de yoga qui n’avait jamais vu la couleur d’un cours de sport et un t-shirt couvert de poils de lapin et de chiens. Mais j’étais en train de lire. Il n’y a aucune raison de se mettre sur son 31 pour bouquiner. Les livres s’en fichent, ils sont simplement contents d’être lus.
Ce roman parle d’obésité, certes, mais pour moi il s’adresse à tous ceux qui se mettent des barrières qui les empêchent de s’épanouir. Il fait réfléchir, il touche et provoquera peut-être des changements chez certains… comme avoir un regard un peu plus indulgent envers eux-mêmes.
Ce fut aussi pour moi une très bonne lecture notamment pour cette incitation au dépassement de soi que tu mentionnes…
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Ouahou il me parait vraiment top celui ci ça me parle bizarrement !!! 😉
J’ai failli te l’amener tout à l’heure! Ce sera le prochain 😉