
Le vieux Stegner avait dit au garçon que la carte datait de la ruée vers l’or.
– 1894, exactement. Mais qu’est-ce que les jeunes comme toi en ont à faire, des vieilleries du passé?
Thibault Vermot frappe une nouvelle fois chez Sarbacane (la deuxième fois cette année d’ailleurs.
La Route froide, un roman inquiétant et angoissant au cœur d’une forêt isolée. Du jour au lendemain, les parents de Jonah ont plaqué tout le confort de la vie moderne en Californie pour aller s’enterrer dans une forêt du Yukon. Ils vivent depuis plusieurs semaines maintenant dans une cabane au fond de la forêt. Une cabane grand luxe d’à peine 30m². Bonjour l’intimité pour un ado. Mais ce changement de vie ne rebute pas forcément le jeune homme. Ils ont dû apprendre à se débrouiller par eux-même. Et ce matin là, Jonah se réveille seul. Ses parents sont allés chercher des plumes d’oie pour leurs oreillers… Marre de tourner en rond, Jonah s’équipe et part à l’aventure dans la forêt. Sauf que ce jour-là, il fait un froid tenace, la neige est épaisse. Accompagné du jeune chien d’un voisin, il part en quête de frisson. Et s’il avait écouter les conseils avisés de ce dernier il ne serait peut-être pas partie sur la mauvaise piste.
Nous n’avons pas eu le temps de faire longuement connaissance avec le jeune protagoniste que Thibault Vermot nous plonge directement au cœur de l’action. Tel un jeune personnage de Jack London, le voilà parti à la découverte de son petit bout de terre américain. La neige qui s’enfonce sous ses pas, la nature qui vit autour de lui, les bruits, les… Dès les premières pages, on comprend que cette expédition ne sera ps de tout repos (ce qui est logique quand on connait les précédents écrits de l’auteur!). Plus on tourne les pages, plus on s’enfonce vers le cœur de cette forêt, plus le froid semble s’imposer à lui, plus le lecteur est pris dans le tourbillon de la tempête que va devoir affronter Jonah. Les ombres, les bruits inquiétants, une ambiance assourdissante… l’angoisse du jeune garçon monte, celle du lecteur aussi. Quand Jonah fait une découverte macabre, le malaise monte encore d’un cran.
Cette lecture n’a pas vraiment été de tout repos pour mon petit cœur. Les questions se multiplient, on a envie de comprendre ce qui se passe, de savoir ce qui se tapie dans l’ombre et guette Jonah. Mais on envie plus que tout qu’il s’en sorte entier. On en ressort un peu hébété, dans le doute. Nous a-t-on raconté la vérité? une forme de vérité? Que s’est-il réellement passé?
Contrairement aux deux autres romans de l’auteur parus chez Sarbacane (Colorado train et Fraternidad), celui-ci est illustré par Alex W. Inker (auteur de BDs telles que Panama Al Brown ou encore Servir le peuple). Ses dessins en noir et blanc accompagnent à merveille les mots de Thibault Vermot. Ils sont un réel plus quant à l’atmosphère inquiétante se dégageant de ce récit mais aussi ajoutant à nos questionnements entre réalité et folie.
Vos balades en forêt ne seront plus jamais les mêmes… Surtout si vous êtes dans le Yukon !