
Ça s’est passé comme ça.
Une scène en accéléré dans une vie à vitesse normale.
Un râteau qui surgit alors qu’on marche tranquillement dans un jardin.
Un seau d’eau qui tombe sur la tête de celui qui ouvre la porte des toilettes.
Une cartouche d’encre qui gicle sur ma blouse blanche en TP de physique.
Une mauvaise blague, en somme. Qui tacle, ébouriffe – non : assomme. Comme la vie sait le faire.
Rupture amoureuse. La première. Marcel est en train de vivre la pire période de sa vie. Il était amoureux fou d’Aurélia. Mais celle-ci en a décidé autrement. Un simple mot et tout a été fini. Pour elle. Lui, il veut comprendre et pourquoi pas la convaincre qu’elle se trompe. Aurélia est si belle, si gracieuse. Ça a été six mois merveilleux, lumineux pour Marcel. Alors ce « je m’ennui avec toi », ce n’est pas possible.
Tant que je n’ai pas ouvert cette enveloppe, tant que je n’ai pas lu ces mots, rien n’existe. Je ne vais pas lire. Et voilà. Un lettre non lue n’existe pas. Elle est morte, et inutile. Comme un gâteau non mangé, une chanson jamais chantée.
Marcel va vivre cette rupture comme un deuil, avec les étapes qui le défini : la colère, le déni…
Ce roman est cependant bien plus qu’un roman sur une rupture amoureuse adolescente. Il va évoquer l’entraide, l’amitié, les difficiles rapports familiaux… Marcel est un jeune homme très attachant, une jeune homme qui se sent seul malgré toute la bande qui l’entoure. Car Marcel cache des choses, des choses qu’un ado ne devrait pas avoir à vivre. Et sa bande de potes est une vraie bande de potes. Ils vont être là pour lui contre vents et marées.
Albert est incroyablement adroit dans le monde des idées. Dans le monde réel, il se fait des bleus. Comme tout le monde.
J’ai aimé ce sentiment de solidarité qui se dégage de l’écriture forte et sensible de Claire Renaud (c’est déjà quelque chose qui m’avait énormément plu dans son précédent roman Exprim’ Les Quatre gars). L’autrice tisse un maillage entre vérité et secrets, entre diverses émotions, entre les êtres qui jalonnent ce récit. On vit beaucoup d’émotions aux côtés de ces héros du quotidien et une véritable empathie naît entre eux et le lecteur. On ressort de cette lecture comme délesté d’un poids, plus léger, avec le sourire aux lèvres. J’avoue que j’ai dû mal à trouver mes mots pour décrire ce que j’ai pu ressentir avec ce roman. C’est un roman qu’il faut lire pour le vivre.