

Voici un premier roman déroutant et singulier. Nous sommes aux portes de l’hiver et nous allons accompagner une mère et sa fille dans leur vie au cœur de la forêt. Elles vivent depuis plusieurs mois ainsi, dans un grand dénuement, au rythme de la nature et des saisons, dans un repli sur soi face aux deuils qui les a frappé toutes les deux.
Au-delà de notre sang, nous partageons d’avoir eu à marcher derrière les cercueils de nos fils. Nous partageons de ne plus savoir qui nous sommes face à des deuils que ne portent pas de nom. Ni veuves ni orphelines…
Un rythme lent, posé, contemplatif.
Elles vivent ainsi dans une cabane. Elles se nourrissent de ce qu’elles produisent et de ce que la forêt leur offre. Elles ne communiquent pas avec leurs proches voisins et vont à la ville que par absolu nécessité. C’est leur havre de paix. Elles s’y sentent en sécurité, loin des douleurs et des épreuves du monde. La mère et la fille s’adressent peu la parole. Elles n’en ont pas besoin pour se comprendre.
Une vie dure, simple aux épreuves de la nature et de la langue.
Aurélie Jeannin nous offre un premier roman ciselé, où elle travaille le langage dans le moindre détail. Concis, précis, âpre, difficile en reflet à la nature où vivent nos deux protagonistes. L’autrice nous plonge dans la mélancolie de ces deux femmes, dans la poésie si particulière de cette vie. J’ai été envoûté par les mots, par l’ambiance. Il y a beaucoup de nuances dans la langue, de riches réflexions sur la nature qui nous entoure, nous englobe, nous hypnotise.
La lecture est lente, parfois rendue difficile par le rythme lancinant et le manque d’action. Mais l’action n’est pas le but de la narration, l’important est plus son contenu, l’essence du message véhiculé par les mots de l’autrice.
Un roman singulier, différent mais envoûtant.
Je me demande bien ce que ça peut donner… je ne suis pas toujours fan des romans de ce type (un peu nature writing, non?) mais tout de même, ce qui se dit sur ce roman me tente bien.