
Sa mère s’enferme de longues heures à la cave et refuse de manger en sa présence.
Elle lui prépare pourtant d’énormes pièces de viande qu’Hippolyte se force à avaler. Dans la rue où elles habitent, en bordure de forêt, leur voisine préférée a disparu sans laisser de traces.
Et puis, un soir, la mère d’Hippolyte se jette sur elle et la mord. Que s’est-il passé ?
Hier soir, Maman m’a fait manger du cœur. C’était du cœur de bœuf. Le cœur est notre muscle le plus puissant, et ça se sent quand on en mange; la viande résistait sous mon couteau à steak, il fallait la scier pour trancher les fibres. Elles cédaient comme des câbles tendus, l’une après l’autre.
Ogresse… un roman à part. un roman étrange. Un roman d’exception. Un roman marquant. Un roman… qui a tout à fait sa place dans la grande collection Exprim’ de Sarbacane.
Dès le départ, un sentiment de malaise se met en place. Est-ce le titre? la mise en bouche du roman sur la « dégustation » d’un cœur de bœuf au repas du soir de notre héroïne? Une combinaison des deux sans doute. Hippolyte surnommée H. ou Hippo par ses proches, vit seule avec sa mère depuis la séparation de ses parents.
H. passe la majorité de son temps avec Benji et Kouz, ses deux amis du lycée. En plus de ces problèmes familiaux, elle fait face aux problématiques liés à son âge : le lycée, l’amitié et l’amour, avec un mélange de rivalité, de jalousie, une pointe de bêtise et d’innocence. Jusqu’ici rien de surprenant pour un roman ado… Mais voilà… Depuis quelque temps, elle remarque que sa mère est différente. Elle est de plus en plus pâle, irritable, développe un goût étrange pour la viande. Et puis, il y a ce regard. Un regard qui donne des frissons à H. Et un jour, sa mère lui saute dessus et la mord. Pourquoi? Comment? Que se passe-t-il ?
Aylin Manço, l’autrice de ce roman déroutant, immisce petit à petit l’étrange dans la normalité d’une vie d’adolescente. H. ne sait pas comment réagir face au comportement de sa mère. Et nous, simple lecteur, nous nous sentons démunis, curieux, avide d’en savoir plus. La première attaque nous prend de court, comme pour H. d’ailleurs. On est bouche bée, yeux écarquillés… On ne sait pas ce qu’il vient de se passer sous nos yeux. On s’interroge. Évidemment la première chose qui peut venir à l’esprit est-ce une vampire? Mais bon il y a ce titre Ogresse qui forcément nous envoie sur une autre explication. Peu de temps, après cette morsure, une voisine disparaît sans laisser de traces. Et sa mère qui s’enferme dans la cave nuit après nuit et d’où s’échappe d’étranges sons…
L’angoisse, les sueurs froides, les questions… je sens que vous êtes bien dans l’ambiance du roman et je vous invite à aller le lire très vite pour avoir ce qui se cache derrière ces bruits, cette disparition et ce comportement étrange… Je pense qu’une fois ouvert vous ne pourrez plus vous détacher de ce roman qui accapare votre esprit, qui nous hypnotise jusqu’à l’ultime page.
Il manque un mot dans la langue française, un mot pour qualifier les évènements qui sont impossibles mais qui surviennent tout de même. Quelque chose de tellement inconcevable que, quand ça se produit, c’est comme si l’univers se fendait en deux, et vous vous retrouvez du mauvais côté, dans un monde presque pareil mais tout à fait différent.
Aylin Manço maîtrise à merveille son scénario, sait planter avec brio un décor et une ambiance glaçante tout en tentant de garder une normalité rassurante (ou du moins le plus possible) pour les quatre ados que nous suivons dans ce récit (oui je ne vous ai parlé jusqu’ici que de trois d’entre eux et c’est volontaire! je ne peux pas tout vous dire non plus!). Le roman est court mais puissant, hallucinant. Il nous laisse un peu sonné par tout ce qu’il va se passer. La tension monte crescendo. On comprend, on refuse, on ne veut pas croire à ce que sous-entend le texte. L’autrice nous laisse volontairement décoder ce vers quoi elle nous mène afin de nous projeter au côté de H.
Un roman déroutant, étrange, différent et captivant !
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Je l’ai littéralement dévoré !!
C’est bien le mot !