
Marceau est l’homme qui, finalement, n’a pas su faire de choix et a rendu deux femmes malheureuses. En entreprenant un voyage pour retrouver Elise, Marceau va tenter de réparer les erreurs du passé. Entre souvenirs lumineux et secrets enfouis, une question revient de façon lancinante : peut-on pardonner et tout recommencer ?
C’est un lundi matin de novembre que Juliette Chopin sort de la petite maison aux volets bleus. Les rayons de soleil percent la brume épaisse de Cancale.
La place de l’autre… celle qui doit aimer en secret, partager sa vie en silence, souffrir, espérer, vivre une vie segmentée. Une histoire d’amour unique, silencieuse, difficile. C’est de ça qu’il s’agit dans ce roman. Un sujet délicat mis en mot de façon délicate, sincère, pleines d’émotions par Émilie Billon.
Ce fut ça ma vie, me dissoudre dans la transparence, me réduire au silence et sourire parce que tu n’aimais pas quand je ne souriais pas, lorsque tu passais le pas de ma porte, le temps de ta pause déjeuner ou pendant tes réunions improvisées.
Élise est cette autre, cette femme de l’ombre, cette amoureuse secrète. Cette femme a disparu brusquement de Cancale en Bretagne depuis plusieurs années. En silence. Mais voilà qu’une lettre parvient entre les mains d’une femme, Juliette, qui a pour mission de remettre un courrier à l’homme qu’Élise a si passionnément aimé. Dans ce courrier, elle raconte son amour, ses attentes déçues, les difficultés à aimer un homme marié. Elle met des mots sur ses maux. Elle met des mots sur la façon dont elle a vécu cet amour, cette passion, cette vie qu’elle a vécu toujours dans l’attente, dans l’espoir d’un geste, d’un mot. Elle raconte pourquoi elle est partie.
Ne m’en veux pas, Marceau, je t’ai promis la vérité. En pareille situation, il n’y a rien de plus ordinaire que de décrocher son téléphone afin de glaner des renseignements auprès des proches, mais moi, comment me serais-je présentée, alors que dans ta vie, je n’avais pas le droit d’exister ? Je suis venue, jamais je n’ai osé te l’avouer. J’étais terrifiée à l’idée que tu penses que je suis allée trop loin, que j’ai pris bien trop de risques.
Cette lettre va trouver cet homme, Marceau. Huit ans après sa vie a changé, a été bouleversé. Marceau qui aimé passionnément lui aussi cette femme va réaliser ce qu’il a dû lui faire endurer. Mais il avait ses raisons; peur de décevoir ces deux femmes, sa famille, peur de ne pas être un bon père… Mais le temps est passé, ils ont changé. Ce qu’elle lui dit dans cette correspondance le chamboule encore plus qu’il n’aurait pu l’imaginer.
Après l’interdit, ils avaient enfin le droit de s’aimer, j’en suis convaincue. Ils étaient des amants, ils étaient eux aussi des amoureux de l’ombre.
À la lecture de ces mots, tu te dis que c’est absurde, n’est-ce pas ? Que ce n’est que le fruit de mon interprétation. Tu as probablement raison, mais laisse-moi y croire, Marceau. Permets-moi d’espérer que des femmes de l’ombre ont un jour le droit d’exister, une fois les rideaux tirés.
Dans ce roman poignant, l’autrice évoque avec sincérité les sentiments de chacun et forcément la place de la femme adultère. Cette culpabilité latente, la crainte du jugement… Ici justement l’autrice ne juge pas. Elle permet justement de rendre une juste place… peut-on réellement comprendre, juger des émotions, des sentiments? L’amour ne s’explique pas, il se vit. Et pourquoi serait-elle coupable d’aimer alors qu’elle souffre de cet amour…
Ce roman c’est donc l’histoire d’un amour difficile, passionné, exceptionnel, unique. J’ai aimé la délicatesse de l’écriture d’Émilie Billon, j’ai aimé ce respect, cette tendresse qu’elle a pour ses personnages. J’ai aimé lire cette belle histoire, sans culpabilité, sans jugement.
Une histoire d’amour difficile, la passé qui s’invite dans le présent et qui chamboule à nouveau les émotions des personnages.