Les Menteurs de Mariposa
Titre original : The Liars of Mariposa Island
Auteur : Jennifer Mathieu
trad. de l’anglais (États-Unis) par Anath Riveline
342 p.
ÉTÉ 1986
Île de Mariposa, Texas
Chaque été, Elena Finney fait du baby-sitting pour la famille Callahan.
C’est le seul moyen pour elle d’échapper quelques heures à sa mère, possessive, manipulatrice et incontrôlable. C’est le seul moyen pour elle de voir son petit ami en cachette.
Joaquin Finney a, lui aussi, un secret : il prévoit de quitter l’île pour rejoindre un père inconnu qui, d’après Mamita, vivrait en Californie. Ce plan, il n’en a parlé à personne, excepté à sa sœur.
Mais si Elena craque et avoue tout à Mamita… que se passera-t-il ?
Il suffit à Joaquin de me regarder pour comprendre que les Callahan sont de retour sur l’île. Et c’est clair que ça le soûle.
A genoux sur notre porche, mon frère répare la poignée de la porte d’entrée : une demande de notre mère qui traîne depuis un moment déjà.
Il est trop gentil, Joaquin, trop serviable et généreux. Il veut toujours faire plaisir à Mamita : c’est peine perdue. Ça ne va jamais et, en général, ils finissent par se disputer.
Entre l’engouement pour le précédent titre (Moxie) de l’autrice Jennifer Mathieu et les avis plus que mitigés sur celui-ci, je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre (en ce qui me concerne je n’ai pas lu Moxie ni aucun autre de ses romans. Il s’agit donc ici pour moi d’une découverte de son univers.
Elena et Joaquin vivent avec leur mère sur l’Île de Mariposa. Une mère assez rigide et stricte surtout en ce qui concerne Elena. Elle la surveille comme l’huile sur le feu et s’énerve très facilement. Elle peut devenir très cassante, violente. A force, le frère et la sœur savent à peu près quand elle est sur le point de basculer. Mais à 17 ans Elena étouffe de ne pas pouvoir profiter de son temps libre comme elle le souhaite. Surtout que ce sont les vacances d’été. Alors, elle profite de la présence de touristes sur l’île et de séances de babysitting, pour prendre un peu de liberté mais ce n’est pas sans risque, surtout quand elle ne choisit pas les bonnes personnes à fréquenter. Joaquin, lui, est majeur et désire plus que tout s’éloigner de cette île et de sa mère. D’ailleurs, il a décidé que ce serait le dernier été là-bas, et qu’à la rentrée il prendrait ses affaires et partirait en Californie. Pourquoi là-bas? Il pense y retrouver leur père qui les a abandonné quand ils étaient petits.
Parfois, je serais prête à mourir pour Joaquin. Je ferais tout pour lui. À d’autres moments, j’ai l’impression qu’on joue juste nos rôles de frère et sœur comme dans une sitcom débile sans rien partager de vrai. Et c’est de plus en plus ce que je ressens.
En parallèle à ce récit « estival », l’autrice s’attarde sur la jeunesse de la mère qui a fait partie des milliers d’enfants cubains envoyés aux États-Unis lors de l’opération Peter Pan au début des années 60. Plus de 14000 enfants ont été ainsi séparés de leurs parents : une rumeur lancée par l’Église catholique déclarait que Fidel Castro voulait « nationaliser » les enfants entre 5 et 18 ans pour les faire éduquer par l’État ou les envoyer en URSS.
L’autrice s’est nourri de ce terrible fait historique (et de l’histoire de sa propre famille) pour créer son personnage de Caridad, la mère d’Elena et Joaquin. Elle qui venait d’une famille aisée et aimante, s’est retrouvé dans un pays étranger, sans repère, au cœur du Texas, et dans une famille plus pauvre… Elle eut beaucoup de mal à accepter ce changement et cette baisse de niveau de vie, des changements qui ont nourri sa rancœur, sa colère et qui a fait naître cette façon stricte d’élever ses enfants.
J’ai aimé découvrir dans cette partie de récit ce pan de l’Histoire cubaine que je en connaissais pas. C’est intéressant et triste pour ces enfants dont la majorité n’a jamais pu revoir les siens. J’ai eu mal au cœur pour Caridad et même si son comportement est terrible on comprend, par empathie, pourquoi elle agit comme ça, pourquoi elle se détruit chaque jour un peu plus, et pourquoi elle est aussi dur avec ses enfants.
Chez Mamita, tout pèse des tonnes. Ses mots, ses mouvements, ses pensées aussi. Même ses silences pèsent des tonnes.
J’ai bien aimé le personnage de Joaquin aussi qui est réaliste vis à vis de sa situation familiale. Son côté protecteur aussi est assez touchant. Son envie de s’éloigner est compréhensible.
En ce qui concerne Elena, je suis plus dubitative. Elle a un comportement parfois très puéril et égoïste et on se demande quand elle va enfin réagir. J’avoue qu’elle a su m’agacer! Et à d’autres moments, on comprend ce désir de liberté, de rébellion qui l’habite et qui la fait agir de façon irréfléchie.
En ce qui concerne l’intrigue, c’est assez lent et on se demande où veut en venir l’autrice en nous racontant cet été qui va être décisif pour certains personnages, un été nourri de mensonges… Quand la situation va-t-elle exploser ?

Je crois que c’est la première fois, depuis que je te lis, que je tombe sur un article où tu émets des doutes !!! 😉
hihi! Je crois que je choisis/cible les livres qui vont à coup sûr me plaire! Mais bon on n’est jamais à l’abri d’une petite déception !!
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