Nous étions les hommes
Auteur : Gilles Legardinier
lu par Bernard Gabay
Lizzie, 2019
Editions Fleuve, 2011


Il faut dire que la mise en bouche de son intrigue à de quoi faire frissonner et se poser déjà son lot de questionnements.
Nous n’écartons aucune hypothèse pour le moment mais les premières constatations nous orientent vers une crise de folie collective. Sur les quarante-six membres de l’équipe, trente-trois ont été massacrés et onze sont fous à lier.
Son héros, Scott Kinross, médecin spécialiste d’Alzheimer à Édimbourg, travaille avec une généticienne, Jenni Cooper. ensemble, ils viennent de faire une avancée phénoménale dans la connaissance de cette maladie. A moins qu’il s’agisse d’une énigme supplémentaire. En analysant des résultats sanguins, ils découvrent comment savoir quand exactement le sujet ou patient basculera irréversiblement dans la maladie. Mais en faisant cette découverte, ils vont aussi apprendre que de plus en plus d’individus semblent touchés par cette maladie mais surtout de plus en plus jeunes. Des conclusions déstabilisantes et effrayantes… Les deux scientifiques vont alors se démener pour éventuellement trouver une solution à ce fléau qui semble inéluctable, comme si la race humaine était sur le point de disparaître… Mais ils ne sont pas les seuls sur le coup. Quand science, avenir, économie se mélangent…
La science passe sont temps à découvrir des choses dont elle refusait d’admettre l’existence auparavant. Le magnétisme des boussoles était surnaturel, les feux follets, la foudre, les marée et les aurores boréales aussi. Plus personne ne peut douter que la télépathie, la télékinésie et certaines guérisons miraculeuses existent. Pourtant, certains s’obstinent encore à nier les faits, les qualifiant de surnaturels.
Une spirale infernale est enclenchée dès la découverte de Jenni et Scott. Ils vont être au milieu d’affaires qui les dépassent, et nous lecteurs on ne sait pas, tout comme eux, si on doit se fier aux différents protagonistes qui font leur apparition tour à tour. Tous les doutes sont permis quand tous les coups sont imprévisibles !
Gilles Legardinier a vraiment fait un sacré travail de recherche tant au niveau scientifique, historique qu’économique pour rendre ce roman le plus crédible et plausible possible. Et ça donne froid dans le dos. Il démontre jusqu’où l’humain est capable d’aller pour ses besoins personnels, au détriment de ses semblables. Une course entre la vérité et la cupidité.
L’intrigue m’a captivée car l’auteur a su apporter les éléments scientifiques de façon intelligentes et accessibles (sur ce coup il aurait pu un peu me perdre). en plus, utiliser Alzheimer comme postulat de départ d’un polar il fallait oser. et pour moi c’est un pari réussi car l’intrigue est construite autour des découvertes et de la personnalité des personnages.
– Gardez votre sang-froid, docteur. Vous et le professeur Cooper êtes effectivement des idéalistes naïfs, mais ce sont des gens comme vous qui font avancer le monde.
Dans la version audio des éditions Lizzie, c’est Bernard Gabay qui prête sa voix à l’intrigue. Une voix qui raisonne, qui module, qui donne un rythme et une tension aux mots, aux actions sans en rajouter et en faire trop. Un phrasé maitrisé qui donne une dimension supplémentaire aux émotions et aux événements du roman.
Un sujet difficile et délicat mais un pari réussi pour ce roman de Gilles Legardinier.