Roman

Buveurs de vent de Franck Bouysse

Buveurs de vent

Auteur : Franck Bouysse

Lu par François-Eric Gendron

8h51

Audiolib, 2019
Editions Albin Michel, 2020

 

 

résumé Ils sont quatre, nés au Gour Noir, cette vallée coupée du monde, perdue au milieu des montagnes. Ils sont quatre, frères et sœur, soudés par un indéfectible lien.
Marc d’abord, qui ne cesse de lire en cachette.
Matthieu, qui entend penser les arbres.
Puis Mabel, à la beauté sauvage.
Et Luc, l’enfant tragique, qui sait parler aux grenouilles, aux cerfs et aux oiseaux, et caresse le rêve d’être un jour l’un des leurs.
Tous travaillent, comme leur père, leur grand-père avant eux et la ville entière, pour le propriétaire de la centrale, des carrières et du barrage, Joyce le tyran, l’animal à sang froid…

Dans une langue somptueuse et magnétique, Franck Bouysse, l’auteur de Né d’aucune femme, nous emporte au cœur de la légende du Gour Noir, et signe un roman aux allures de parabole sur la puissance de la nature et la promesse de l’insoumission.

 

 

cequejenaipensé Après un immense coup de cœur pour le précédent roman de Franck Bouysse, Né d’aucune femme (qui a reçu le Prix Audiolib 2020), j’avais hâte de découvrir un autre récit de cet auteur.
La lecture fut beaucoup moins intense mais tout aussi riche.
On y retrouve à la fois son écriture noire et poétique. C’est un étrange mélange qu’il maîtrise à la perfection.
Buveurs de vent est à la croisée des genre  à la fois roman noir et roman initiatique.
Il était une fois une fratrie, 3 frères et une sœur, vivant au fin fond d’une vallée où le principal employeur (de la centrale électrique) règne en maître, en véritable tyran. Tout ou presque lui appartient dans cette vallée montagnarde. Il contrôle et surveille tout le monde. Le policier de la ville est aussi à sa botte.
Tout le monde donc à son rythme et à son bon vouloir, parce pas le choix de faire autrement. On est donc dans une ambiance de résignation, d’asservissement, de désespoir, de vie à défaut.
La vie, il faut la laisser déborder tant qu’il y en a.
Les quatre ados apportent un souffle, une légèreté à la noirceur du quotidien, surtout la jeune Mabel, qui rêve de liberté, qui assume ses actes. Mais son envie de liberté, sa soif de liberté, lui fera commettre un acte inconvenant qui fera basculer la fratrie dans un chaos. Exclue de la famille, libérée d’une certaine façon, Mabel va cependant rester dans la même ville, comme si sa liberté n’était qu’illusoire, une nouvelle fois dépendante du maître des lieux.
Son acte va déclencher une cascade de conséquences. Une liberté contagieuse et provocatrice. Ses frères, Marc, Matthieu et Luc, ont eux aussi cette fièvre d’émancipation mais chacun la mènera à sa façon et à son rythme.
La fratrie est un des éléments centraux de l’intrigue de Franck Bouysse, un élément fondateur, pivot de toute action narrative.
On ressent la détresse des personnages (nombreux) constituant ce roman puissant, dénonciateur du poids d’une autorité arbitraire.
Le vent se leva, donnant un volume supplémentaire à la forêt, comme un oiseau gonfle son plumage pour impressionner l’ennemi, signifiant que quoi que les hommes entreprennent contre elle, que quelque infime bataille gagnée n’en feraient jamais un vainqueur.
Ce que j’ai le plus apprécié dans ce roman, au delà d’une intrigue intense, est sans nul doute la richesse des mots et de la langue de l’auteur. Chaque mot est choisi, travaillé. On sent l’amour de Franck Bouysse pour le phrasé et la langue. On ressent le travail d’écriture, l’intention, la recherche d’équilibre et de justesse recherché par l’auteur, pour que chaque mot apporte sa poésie, sa puissance, son émotion. 
Même si ce roman ne rivalise pas avec mon coup de cœur pour Né d’aucune femme, j’ai aimé l’ambiance et la richesse de la langue, un peu moins aimé l’intrigue peut-être.
Dans l’édition Audiolib, c’est l’acteur François-Eric Gendron qui prête sa voix à la narration. Une voix qu’il déguise en fonction des différents protagonistes, qu’il incarne tour à tour avec puissance ou avec nuance.
Un roman intense, vibrant, poétique à la seul façon de Franck Bouysse.

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