Soleil jusqu’à la fin
Autrice : Mélanie Georgelin
277 p.

Aussi sauvage que sa tignasse indomptable, adulte avant l’âge, habituée à s’occuper de ses parents, elle atterrit dans un orphelinat…
Un soir d’hiver, avec Tante Teresa, on a quitté le bitume de mon enfance. C’est arrivé parce que Maman a claqué comme une ampoule. Clac, fini la vie, fini, d’un coup d’un seul elle a claqué. Noir complet.
Amaya a 12 ans mais a déjà vécu toute une vie. Son père a quitté sa mère. Sa mère s’est laissé mourir de chagrin. Amaya a dû mûrir un peu trop vite, s’occuper d’elle, du quotidien. Jusqu’au jour où sa mère ne se réveille pas. Alors Amaya attend. Que va-t-il lui arriver? Sa tante Teresa aimerait l’accueillir chez elle mais elle ne peut pas. Alors la jeune Amaya se retrouve en foyer, avec d’autres orphelins, d’autres enfants accidentés par la vie…
Une nouvelle vie commence pour elle et Soledad, sa poupée à qui elle se confie, avec qui elle discute… Dans ce foyer, Amaya y amène sa lumière, son énergie car cette petite est aussi solaire que sauvage, elle n’a pas sa langue dans sa poche et pleine de cynisme. Mais le destin chaotique la rattrape. Comme si elle n’avait pas le droit a une vie normale même dans cet endroit où elle aurait dû être en sécurité. Comme si à 12 ans, on pouvait être assez solide pour affronter ça. Sans crier garde, le coup tombe, innommable arrive.
Mélanie Georgelin nous livre ici un roman perturbant entre légèreté et gravité. Amaya est une enfant tellement attachante, son histoire est si injuste. Elle aurait dû avoir droit à la candeur, à l’innocence de son âge mais non. Amaya a toujours appris à survivre, elle s’est créé un personnage, une carapace. Dans son nouvel environnement, il va falloir apprendre désormais à vivre, et non à survivre. Dans ce lieu, les adultes sont là pour s’occuper d’elle, pour l’écouter, pour l’aider, pour la guider. Elle peut avoir confiance en elle, connaître ses premières amitiés, ses premières expériences de jeunes ados. Mais forcément on vit dans un monde qui peut se montrer parfois très cruel…
Le roman m’a fait vivre des émotions fortes. Il commence de façon déjà difficile à imaginer pour le jeune personnage, puis il devient plus léger,et quand on s’y attend le moins une réalité dure, crue, nous rattrape, rattrape Amaya. Un uppercut. Qui nous laisse KO, sous le choc. Heureusement, dans tout ça, elle va rencontrer des personnes à l’écoute, attentive, qui ont de l’amour à revendre, qui vont lui tendre la main.
Avec elle – je me suis renseignée -, il paraît qu’on peut dire tout ce qui nous passe dans le citron. Bah, elle va être servie. Aujourd’hui, dans ma tête, c’est ravioli.
Cette histoire c’est Amaya qui la raconte à Albert, son interlocuteur fictif, le nom qu’elle a choisi pour nous ce qui vont lire ces maux. Elle parle avec son vocabulaire, son langage qui claque, qui vibre, qui raisonne au plus profond de nous tant il arrive par moment en transmettre sa douleur, son vide, ses fêlures, ses espoirs. Elle nous raconte les épreuves qu’elle a déjà dû affronter, celle qu’on va vivre à ses côtés. On la voit grandir, trébucher, rebondir, rencontrer, vivre, avoir un regard trop cynique sur la vie, espérer, renaître…
Le roman perturbe, remue, fait pleurer, prend à la gorge, révolte mais malgré tout Amaya illumine ce roman par sa personnalité vive, sauvage. Oui décidément ce roman porte à merveille son titre. Amaya est un soleil, un personnage qui marquera ma vie de lectrice…
Un roman perturbant à bien des niveaux. Amaya une jeune fille que je n’oublierai pas de sitôt.