Par une nuit brumeuse de décembre, une jeune femme est repêchée dans la Seine au niveau du Pont-Neuf. Nue, amnésique, mais vivante.
Très agitée, elle est conduite à l’infirmerie de la préfecture de police de Paris… d’où elle s’échappe au bout de quelques heures.

Raphaël, son ancien fiancé, et Roxane, une flic fragilisée par sa récente mise au placard, se prennent de passion pour cette enquête, bien décidés à éclaircir ce mystère : comment peut-on être à la fois morte et vivante ?

L’Inconnue de la Seine… peut-être en avez-vous entendu parler ? Cette histoire remonte au début du 20ème. Une jeune femme serait morte noyée dans le Seine. Un employé de la morgue tomba sous son charme et demanda qu’on réalise un moule de son visage au sourire énigmatique et apaisé (une autre version de la légende dit qu’elle serait un modèle d’un peintre morte de tuberculose). Cette jeune femme n’a jamais identifié mais son visage a nourri l’imaginaire de nombreux artistes et écrivains. En ce qui me concerne j’avais entendu de cette légende et de cette femme dans un tout autre contexte : les premiers secours. En effet, son visage emblématique est celui qu’on retrouve sur les mannequins de réanimation sur lesquels on s’entraîne au geste de premier secours.

C’est donc autour de Guillaume Musso de se nourrir de ce mythe. Une histoire qu’il a connu au lycée et qui a mis du temps à mûrir. Aujourd’hui, il en livre sa version et son inconnue elle est bel et bien vivante.

Elle a été repêché dans la Seine et amené aux urgences de la police. La jeune femme, amnésique, a ensuite disparu.

En parallèle, nous faisons la connaissance de Roxane, une flic rétrogradée après une affaire compliquée (semble-t-il). On l’envoie se faire oublier dans un bureau d’enquêtes un peu spéciales, des enquêtes ayant trait à l’ésotérique et/ou au mystérieux. Elle se retrouve dans une tour étrange dont l’ancien commissaire, après une mauvaise chute, est plongé dans le coma. Ses nouveaux équipiers ? Valentine une étudiante et un chat qui fait partie des murs. En colère, le lieu va cependant l’apaiser, la rendre curieuse. D’autant qu’une première affaire, non officielle, s’offre à elle : une femme amnésique a été retrouvée nue dans le Seine et elle vient de s’enfuir de l’hôpital. Son ADN va révéler son identité : Elle s’appelle Milena Bergman, c’est une grande musicienne… et surtout elle est morte un an plus tôt lors d’un crash aérien…

— Comment tu t’es retrouvée en possession des traces génétiques de cette femme ? demanda Botsaris.
À son ton, Roxane comprit qu’il sentait venir le coup foireux. Elle choisit de lui dire la vérité.
— Elle a été repêchée il y a deux jours dans la Seine par la Brigade fluviale.
— Quoi ?
— Sans doute une suicidaire. On l’a conduite à l’I3P, mais ensuite elle s’est fait la malle lors de son transfert.
— Ça m’étonnerait beaucoup que ce soit elle, affirma le flic.
— Pourquoi ?
Botsaris laissa passer quelques secondes, puis :
— Parce que Milena Bergman est morte il y a un an.

Roxane va se démener pour comprendre qui est vraiment cette femme. Ses contacts et sa mise au placard récente et qui n’a pas eu le temps de s’ébruiter, va lui permettre d’avancer dans l’ombre. Elle va ainsi contacter le dernier fiancé de Milena, Raphaël, qui se révèle être le fils du commissaire qu’elle remplace. Raphaël est un écrivain à succès (décidément Guillaume Musso aime beaucoup mettre en scène les auteurs dans ses derniers romans!). Raphaël semble sous le choc de cette nouvelle invraisemblable. Il va mettre en pause sa retraite créative pour lui aussi partir sur les traces de Milena. Mais il a bien plus d’information que Roxane pour avancer. Ou du moins leurs informations sont complémentaires. Et en construisant son intrigue, l’auteur nous permet d’avoir une vue d’ensemble de ce puzzle alambiqué.

En fil conducteur, on retrouve le thème du théâtre, et notamment des origines de la tragédie : la mythologie et le mythe de Dionysos. Cette partie du récit m’a passionnée (j’ai toujours été très attirée par la mythologie grecque alors là j’ai été servie!). La construction de ce roman a dû être bien complexe vue toutes les ramifications, les déplacements, les sources historiques. On ressent le travail de recherche minutieux qu’a dû faire Guillaume Musso pour arriver à ce résultat : un roman au récit complexe et dense mais à la lecture fluide, dans un temps restreint et significatif (5 jours). Ce qui peut sembler dans un temps tiré par les cheveux prend tout son sens au final. Certaines questions restant volontairement ouvertes : comme l’explique l’auteur dans l’interview que l’on trouve en bonus dans l’édition Audiolib, ce sont des omissions volontaires qui serviront certainement à nourrir d’autres intrigues notamment autour de Roxane, qui n’a pas dit son dernier mot, de Valentine et du bureau des Affaires non conventionnelles qui peut bien être le théâtre de nombreuses autres enquêtes dont seul Guillaume Musso à le mystère et la créativité pour les écrire.

Dans cette version audio, c’est Rémi Bichet qui incarne le récit. Il donne vie aux personnages et sa voix grave, mélodieuse, profonde sait ménager le mystère qui plane sur toute cette histoire. Il fait partie de mes voix préférées quand j’écoute un roman.

Guillaume Musso sait ménager le mystère dans ses intrigues et son nouveau roman ne fait pas exception. L’intrigue est riche, alambiqué, mystérieuse et surprenante. Une lecture passionnante de bout en bout !