Vous reprendrez bien un peu de magie pour Noël ?
Autrice : Carène Ponte
282 p.
Fleuve éditions, 2021

Jusqu’à un matin de décembre où sa vie bascule. Renversée par un bus, Victoria sombre dans le coma et atterrit dans un… centre de réhabilitation de Noël ! Cette mystérieuse organisation lui propose un marché : pour se voir accorder une seconde chance, elle devra se racheter auprès d’une personne qu’elle a fait souffrir par le passé, et ce avant le 26 décembre, minuit.
Une mission qui risque de lui donner du fil à retordre. Car si Victoria excelle dans son métier, nouer des liens avec ses semblables n’est pas son fort.
Mais s’il y a bien un moment de l’année où l’on peut espérer un miracle, c’est à Noël !
J’ai reçu ce roman il y a un moment maintenant (merci aux éditions Fleuve d’ailleurs!). Mais j’avoue avoir fait traînée volontairement le moment où je le commencerai! Pourquoi ? à cause du titre notamment. Je me disais qu’il serait parfait pou commencer mes vacances de Noël. Et j’ai eu raison!
Le roman se déroule sur une dizaine de jours entre le 16 et 27 décembre, après un début en forme d’aparté se déroulant en 1997. Nous faisons connaissance des deux héroïnes, Victoria et Dakota, à cette époque là. Elles sont alors deux adolescentes et c’est le matin de Noël. L’une, Victoria, « s’épanouit » dans une famille ultra stricte, avec un père qui ne pense qu’en mode rentabilité : chaque activité est chronométrée et doit être évidemment rentable. Et en ce qui concerne les cadeaux : il les faut éducatif avant tout. Le ludique c’est pour les faibles. Bref, une ambiance festive et qui fait rêver !
Oui, le Père Noël a été généreux, pensé-je en regardant mon ordinateur. Mais, ce que je voulais vraiment, moi, c’était un micro karaoké. Pour chanter dans ma chambre. Sauf qu’un micro, ça n’instruit personne et ça ne sert à rien. Et papa dit qu’offrir un cadeau qui n’est pas utile, ça revient à jeter l’argent par les fenêtres.
Du côté de chez Dakota, on la découvre avec son frère Austin. Ils sont excités à l’idée d’ouvrir les cadeaux. Le matin de Noël est vivant, plein de vie, de cris et de joie. Et les cadeaux s’ouvrent dans la chambre de leurs grands-parents qui les ont accueillis suite aux décès de leurs parents.
Donc deux salles deux ambiances.
Puis saut dans le temps en 2021.
Dakota vit toujours auprès de sa grand-mère. Elle a fait des études de psychologie et tient une émission de radio la nuit, pour pouvoir s’occuper de sa grand-mère le jour.
La modestie, c’est pour ceux qui n’ont pas le courage d’assumer qui ils sont vraiment. Ce n’est pas mon cas. Je ne me cache pas derrière quoi que ce soit.
Victoria, elle, a une vie professionnelle fructueuse et bien remplie. L’éducation stricte de son père a donné ses fruits puisqu’elle est à la tête de sa propre agence de pub. Mais, elle tient son équipe sous la coupe de son énergie de travailleuse acharnée. Comme elle l’a appris de son père : rentabilité et efficacité sont les maîtres mots. Pas de temps pour la perte de temps et les futilités! Victoria n’entent pas les dents qui grincent à chacune de ses interventions pour motiver ses troupes, elle n’entent pas la colère qui couve quand elle annule les vacances ou qu’elle impose des réunions à des heures tardives… Elle ne vit que pour son travail. Pour sa réussite. Et aussi quelque part, même si elle n’en est pas consciente pour un jour rendre fier son père. Travail. Travail. Travail…
Jusqu’au jour où un drôle d’événement va l’obliger à revoir son emploi du temps au cordeau surtout en cette fin d’année chargée. Jusqu’au jour où cet événement va l’obliger à reprendre contact avec une vieille connaissance et à faire un mea-culpa (pas facile pour elle!).
Carène Ponte nous propose ici une comédie de Noël fort sympathique qui se dévore en quelques heures. Et même si on voit les fils de son intrigue assez clairement se dessiner au fil de son histoire, ça n’empêche pas de passer un moment amusant, et parfois émouvant, aux côtés d’une Victoria stricte et intransigeante et d’une Dakota sociable et attentionnée.
J’entends souvent dire que le temps finit toujours par panser les blessures. Par certains côtés, c’est vrai, la douleur est moins vive. Mais l’absence, le manque, eux sont toujours là. Et le temps n’y peut rien.
Victoria m’a fait rire par son caractère inflexible (même si elle ne doit pas être facile à vivre) mais surtout elle m’a fait mal au cœur car on sent bien qu’elle est comme ça à cause de l’éducation qu’elle a reçu. Elle ne connaît que cette façon d’être, de réagir car c’est ce qu’on lui a appris : s’appesantir sur des émotions c’est de la perte de temps. D’ailleurs, les marques d’affection elle ne sait pas ce que c’est ! Mais on sait aussi – bien avant elle – qu’elle se tue à la tâche par besoin d’une reconnaissance paternelle qui ne viendra sans doute jamais. Se retrouver aux côtés de la grand mère de Dakota, de se retrouver dans une famille plus « normale » (si on peut dire ça comme ça) va réveiller en elle la magie de Noël, va éveiller des émotions dont elle ne se savait plus capables de ressentir.
Même si Victoria prend beaucoup de place dans le roman, il ne faut pas oublier Dakota. Elle aussi, sous une autre forme, s’est oublié pour s’occuper de sa grand-mère qui commence à perdre la tête. Au contraire de Victoria, la famille est tout pour Dakota. Sa grand-mère est son dernier repère, son roc. Elle est fantasque, attentionnée, toujours présente… mais ce roc se fissure et c’est douloureux. Dakota a du mal à l’accepter. A du mal à accepter qu’elle ne peut pas gérer la situation seule.
Carène Ponte comme à son habitude nous propose une galerie de personnages réalistes, qui font écho avec notre entourage, à des situations que l’on a pu vivre. Evidemment certains traits de caractères sont caricaturaux à souhait pour le côté comédie et pourtant, on sait bien que des carriéristes comme Victoria existe (malheureusement ils ne liront jamais ce roman pour comprendre qu’il y aussi autre chose dans la vie!).
Une comédie de Noël pétillante, drôle et émouvante sur le sens de la vie.
Il me tente beaucoup, l’année prochaine sans doute.
Bonne future lecture à Noël prochain alors 😉
J’ai rencontré Carène Ponte et elle est adorable ! 😉
Oh oui je suis tout à fait d’accord (pour l’avoir rencontrée aussi!!). 🙂