Prix Audiolib/Roman

Le Parfum des cendres de Marie Mangez

parfumdecendresLe Parfum des cendres

Autrice : Marie Mangez

Lu par Sophie Frison

5h07

Audiolib, 2021
Editions Finitude, 2021
 
 

résumé Les parfums sont toute la vie de Sylvain Bragonard. Il a le don de cerner n’importe quelle personnalité grâce à de simples senteurs, qu’elles soient vives ou délicates, subtiles ou entêtantes. Tout le monde y passe, même les morts dont il s’occupe tous les jours dans son métier ­d’embaumeur.
Cette manière insolite de dresser des portraits stupéfie Alice, une jeune thésarde qui s’intéresse à son étrange profession. Pour elle, Sylvain lui-même est une véritable énigme: bourru, taiseux, il semble plus à l’aise avec les morts qu’avec les vivants. Elle sent qu’il cache quelque chose et cette curieuse impénitente veut percer le mystère.
Doucement, elle va l’apprivoiser, partager avec lui sa passion pour la musique, et comprendre ce qu’il cache depuis quinze ans.

cequejenaipenséAlice, anthropologue prépare une nouvelle thèse. Son choix s’est porté sur un métier peu populaire, celui de thanatopracteur. Ainsi, elle en a suivi plusieurs pendant plusieurs semaines. C’est au tour de Sylvain Bragonard de servir de cas d’étude. C’est un homme assez renfermé, discret, taiseux. Il ne dit que l’essentiel et ce en très peu de mots. Un homme à part. Enigmatique. Et ce caractère n’est pas pour déplaire à notre thésarde. En effet, ce comportement l’interpelle. Sa curiosité va la pousser à l’observer, à essayer de le comprendre, de le décoder.

Ce corps, il le humait, oui, voilà ! C’était ça. Précisément. Il humait le défunt. Dans une inspiration profonde, comme si sa vie en dépendait. Quelques secondes en suspension, durant lesquelles le reste du monde semblait ne plus exister.

Du côté de Sylvain, on découvre un homme tout aussi discret et secret que du point de vue de la jeune femme. Ce qui va aussi activer la curiosité du lecteur. Mais nous découvrons une chose avant Alice : les odeurs. Sylvain voue une vraie passion pour les odeurs. C’est ainsi qu’il apprend à connaître les corps qu’il embaume jour après jour. C’est grâce à ces odeurs qu’il leur rend un dernier hommage.
On apprend aussi que quelque chose s’est passé 15 ans auparavant et que c’est cet événement qui l’a rendu aussi obtus, aussi morose, aussi silencieux. C’est comme s’il était éteint. Sauf quand il travaille. Il est tout autre quand il s’agit de sentir et de se mettre à sa tâche.

Alice va tout mettre en œuvre pour « apprivoiser » Sylvain. Cet homme l’émeut et elle veut comprendre pourquoi. Elle va tenter de lui transmettre sa passion pour la musique. Le monde du silence et des mélodies vont s’entrechoquer. Elle arrive à entrer dans sa bulle et même à le faire sourire parfois.

Malgré le thème et le métier de Sylvain, nous sommes très loin d’un roman dramatique, austère et sombre. Au contraire, la vie vibre entre ses pages. Une sorte d’allégorie du deuil : la douleur, le passé pèsent sur les épaules mais un jour, quand le moment est venu, ou quand on rencontre la bonne personne, une lueur, un nouveau souffle font leur apparition.

Alice est vive, fraîche, pleine d’humour. C’est l’incarnation même de la joie de vivre. Sylvain est tout son opposé. Un drame l’a brisé, éteint de l’intérieur. Il est mort et personne ne comprend son mal être. Mais ça ne le dérange pas. Il est comme ça et s’en satisfait. Alice, pourtant, l’interpelle, le réveille, le perturbe. Un bien? un mal ?

Il désinfectait et rangeait ses instruments un à un dans les lourdes mallettes noires lorsqu’elle se jeta à l’eau. Une brèche temporaire s’était ouverte dans sa nervosité habituelle : c’était maintenant ou jamais.
« Au fait, à l’occasion… si vous avez le temps… on pourrait discuter un peu ? Ça serait très utile pour mon travail… en complément de l’observation directe, vous voyez. »
Il se retourna, sourcils froncés.
« Discuter de… ? »
De vos organes génitaux et des modalités d’élevage du lapin nain, faillit-elle répondre, mais se retint – réflexe professionnel.

J’ai vraiment beaucoup aimé ce qui se dégage de ce roman, finalement beaucoup trop court !!. Alice fait preuve d’empathie envers Sylvain.

L’autrice, Marie Mangez, joue avec le champ lexical de la musique qu’elle met en parallèle avec celui des odeurs. Un parallèle pertinent sous la plume enivrante de l’autrice. J’ai adoré les différents clins d’œil, notamment au Parfum de Süskind – évidemment, j’ai adoré l’ambiance, j’ai adoré les personnages, j’ai adoré essayer de comprendre ce qui se cachait derrière la carapace de Sylvain.
J’ai eu la chance de découvrir ce roman par la voix de Sophie Frison, qui joue entre la frivolité et la fraîcheur d’Alice et une tonalité plus sombre et ambigüe quand elle incarne Sylvain.

Je vous conseille vivement de découvrir ce bijou littéraire.

coup de coeur

Giselle, parfum chaleureux et végétal, la lourde et capiteuse puissance du patchouli sur ces bras massifs, plutôt flasques, bardés d’hématomes, des bras faits pour serrer – éventuellement pour étouffer – et pour s’agiter avec expressivité… Une drama queen à l’orientale, le patchouli, fragrance liquoreuse, séductrice et entière, qu’on aime ou qu’on déteste, une note de fond, facilement entêtante, avec tendance notoire à s’incruster. Et puis aussi, en humant bien, quelque chose d’autre… quelque chose de plus tendre et léger, une note de tête, aérienne, fragile : le lilas.

En sélection pour le prix Audiolib 2022

2 réflexions sur “Le Parfum des cendres de Marie Mangez

  1. En fait, on est d’accord sur la lecture de Sophie Frison qui est excellente mais à part ça tout ce que tu as aimé moi je n’ai pas aimé 😉 on a vraiment eu perceptions différentes 😉

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